9 novembre 2022 | MIVILUDES (Communiqué de presse)

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) publie aujourd’hui son rapport d’activité pour l’année 2021. Ce rapport répertorie les actions de la MIVILUDES au cours de l’année passée et analyse les saisines de dérives sectaires dont elle a été l’objet.

Les phénomènes sectaires portent délibérément atteinte à la liberté de conscience et à l’intégrité des individus. Leurs effets sur les familles, les proches, et plus largement sur la cohésion nationale sont délétères.

La crise sanitaire a assurément constitué un terreau fertile pour ces mouvements : marquée par plusieurs confinements et des situations économiques et sociales difficiles, cette période a favorisé l’émergence de discours exploitant l’isolement.

Hausse des saisines

L’enseignement principal du rapport annuel 2020-2021 est l’augmentation continue, d’une année sur l’autre, du nombre des saisines à la MIVILUDES : plus de 33 % entre 2020 et 2021, plus de 44 % entre 2018 et 2021 et plus de 86 % entre 2015 et 2021. Les 4 020 saisines comptabilisées pour l’année 2021 représentent un record. Ces chiffres alarment d’autant plus les pouvoirs publics qu’ils ne constituent que la seule part visible d’un phénomène plus large.

Thérapies non conventionnelles, réseaux sociaux et complotisme

Le rapport note la permanence des « multinationales de la spiritualité » que sont l’Eglise de scientologie et les Témoins de Jéhovah. Ces organismes – bien identifiés par les institutions – continuent de faire l’objet de saisines.

Le rapport souligne une évolution générale du phénomène sectaire, mettant en exergue la multiplication de petites structures dans les domaines de la santé, du bien-être et de l’alimentation. Les thérapies non conventionnelles se sont développées dans le cadre de la crise sanitaire et portent un risque important en matière de santé publique.

Le rapport constate aussi la multiplication des « gourous 2.0 ». Il s’agit de manipulateurs isolés et autonomes qui propagent leur doctrine sur les réseaux sociaux. Ces nouvelles doctrines touchent fortement les plus jeunes – notamment les mineurs, très vulnérables – qui sont d’importants utilisateurs des réseaux sociaux.

Enfin le rapport dresse un lien clair entre les phénomènes sectaires et les thèses complotistes. La porosité entre les deux phénomènes et leur interdépendance tend à s’accroître, les théories du complot nourrissant largement les mouvements sectaires.

Assises des dérives sectaires et du complotisme

Face à ces constats, Mme Sonia Backès, Secrétaire d’Etat chargée de la Citoyenneté, tiendra au début de l’année 2023, les premières assises des dérives sectaires et du complotisme.

Ces assises réuniront les services de l’État, des responsables politiques, des scientifiques, des experts ainsi que les associations engagées dans la lutte contre les dérives sectaires et le complotisme.

Cet événement poursuivra trois objectifs :

  •     Sensibiliser l’opinion publique aux dérives sectaires ;
  •     Créer des modalités de coopération renouvelées favorisant l’identification et le signalement des dérives sectaires ;
  •     Élaborer un plan d’action pluriannuel permettant d’adapter notre organisation ainsi que notre arsenal juridique à l’évolution du phénomène.

Sonia Backès, secrétaire d’État en charge de la Citoyenneté déclare : « La problématique des dérives sectaires, en plus d’être un sujet qui me touche personnellement, représente un danger majeur de séparatisme et de santé publique. Le rapport de la MIVILUDES nous montre que le phénomène sectaire s’accroît en France et se renforce par la modification de sa structure. La réponse de l’État se doit de changer d’échelle si nous voulons proposer des solutions efficaces. J’entends donc adapter l’action de l’État, au sortir des assises des dérives sectaires et du complotisme, afin de pouvoir bénéficier de tous les outils nécessaires pour combattre efficacement ce fléau ».

La lutte contre les dérives sectaires est l’affaire de tous : victimes ou témoins de dérives sectaires sont invités à émettre une saisine.

Rapport d’activité 2021

Le rapport rend compte de l’activité de la MIVILUDES et de ses observations du phénomène sectaire sur l’année 2021.

Ce rapport d’activité s’inscrit dans le processus de redynamisation qu’a connu la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) après son rattachement en juillet 2020 au ministère de l’Intérieur. Dans cette dynamique, l’année 2021 a été marquée par la volonté de réinsérer pleinement la MIVILUDES dans le maillage administratif et de réaffirmer la Mission interministérielle comme une véritable plateforme de coordination de l’action préventive et répressive dans la lutte contre les dérives sectaires.

En conjuguant sa connaissance et son expérience du phénomène sectaire, fruit de près de vingt ans d’expertise sur le sujet, à celles de ses partenaires, la MIVILUDES peut coordonner avec un maximum d’efficacité – et ce alors même qu’elle ne dispose d’aucun pouvoir d’enquête – la lutte contre ce fléau dont le grand public discerne encore trop mal l’ampleur et les délimitations.

Le rapport d’activité de la MIVILUDES constitue ainsi une ressource pouvant alimenter la réflexion et les actions de sensibilisation auprès du grand public à l’égard de mouvements dont les agissements portent en eux des risques de dérives sectaires. Il n’en demeure pas moins que l’ensemble des mouvements cités dans ce rapport ne constitue pas une liste exhaustive et ne reflète pas l’entière complexité du phénomène sectaire, par nature abscons. Les informations données n’ont pas non plus vocation à cibler tel ou tel mouvement en particulier mais font objectivement état des saisines et témoignages reçus par la MIVILUDES à l’égard des risques potentiels, tout en retraçant leur origine et leur évolution et en informant sur les démêlés judiciaires dont certains mouvements ont déjà fait l’objet.

Consulter le rapport d’activité 2021 de la MIVILUDES