17 novembre 2022 | HRWF

Son Altesse Sheikh Tamim Bin Hamad Al Thani, l’Émir du Qatar, a déclaré lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies il y a un mois que l’État du Qatar voulait surmonter les obstacles, tendre la main de l’amitié, construire des ponts de compréhension et célébrer notre humanité commune, quelle que soit la diversité de nos religions et de nos nationalités.

La Communauté internationale baha’ie salue ces nobles sentiments. Et nous remercions Son Altesse de les avoir partagés avec le monde. Depuis son discours, nous attendons avec impatience le moment où ces mots deviendront réalité pour la communauté baha’ie vivant au Qatar.

Les baha’is vivent au Qatar depuis près de 80 ans et, bien qu’il s’agisse d’une petite communauté, ils ont contribué à la société, au commerce, à l’industrie, à la médecine, à l’éducation et aux arts. Les baha’is du Qatar considèrent le pays comme leur foyer et ont toujours été des citoyens loyaux, connus pour leur honnêteté et leur amour sincère pour leur pays.

Mais au cours des dernières décennies, un nombre croissant de baha’is ont été placés sur une liste noire, se sont vus refuser le renouvellement de leur permis de séjour ou les « certificats de bonne conduite » indispensables pour travailler, et se sont vu interdire de travailler dans certains secteurs. Dans de nombreux cas, des baha’is ont été contraints de se séparer de leur famille et de quitter le pays, alors que leurs familles vivaient au Qatar depuis plusieurs générations.

La discrimination persistante à l’encontre des baha’is au Qatar suscite une inquiétude croissante au niveau international. Le précédent rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté de religion ou de conviction, Ahmed Shaheed, a exprimé son inquiétude face à la « situation précaire » des baha’is au Qatar. Et la Commission des États-Unis sur la liberté religieuse internationale a noté que la situation « peut constituer des restrictions systématiques et permanentes à la liberté de religion ou de conviction ».

Le Qatar s’est engagé à protéger les droits de tous à croire, et à manifester leurs croyances, lorsqu’il a adhéré en 2018 au Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Les baha’is du pays ont donc cherché à obtenir une résolution et des réparations auprès du gouvernement — à de nombreuses reprises — mais aucune réponse n’a été donnée à leurs appels au respect de leur dignité et de leurs droits.

Le mois dernier, des représentants des communautés baha’ies d’Australie, de Belgique, du Canada, de France, d’Allemagne, d’Italie, des Pays-Bas, d’Espagne, du Royaume-Uni et des États-Unis ont adressé une lettre à Son Altesse, l’émir, lui demandant de rétablir les droits des baha’is dans son beau et diversifié pays. Le fait que les baha’is de ces pays aient pris cette mesure montre l’urgence du moment : si l’émir n’intervient pas, une autre minorité religieuse sera bientôt éliminée d’un pays du Moyen-Orient.

Les paroles de Son Altesse aux Nations Unies suggèrent qu’il croit lui aussi que les personnes de toutes origines, ce qui doit inclure les baha’is, ont le droit de vivre dans leurs maisons et de pratiquer leurs croyances en toute liberté et sécurité. Nous lui demandons maintenant de laisser ses actes donner du poids à ses paroles en protégeant les baha’is de la discrimination, en accueillant chez eux ceux qui ont été expulsés et en libérant ces personnes innocentes pour qu’elles puissent vivre leur vie et servir le pays qu’elles aiment.