Muriel Menanteau, responsable du service communication de la Fédération protestante de France, transmet le communiqué de presse suivant :
« Presqu’un an après le lancement de la Conférence des responsables de culte en France, les principaux représentants religieux ont convié des universitaires, des responsables des pouvoirs publics et des journalistes à un colloque sur le « vécu et les promesses de la laïcité ». Ils avaient exprimé, dans une tribune en mars dernier, leur réserve à propos du débat initié début 2011, sur la place de l’islam, mais avaient annoncé qu’ils proposeraient un temps de réflexion autour de la laïcité, préférant prendre des distances avec les discussions en cours et les tentatives d’instrumentalisation politique du sujet.
C’est dans une des salles du Palais du Luxembourg, que s’est tenu le 17 octobre ce colloque sous la forme d’une table ronde introduite par Mgr André Vingt-trois (président de la Conférence des Evêques de France), et modérée par le professeur Philippe Gaudin de l’Institut européen des sciences des religions. Les responsables religieux ont à nouveau défendu « la laïcité de bonne intelligence », garante de l’unité du corps social et à la fois de sa pluralité.
C’est sur son interprétation, certaines applications que les religieux ont fait entendre leurs différents points de vue et le vécu de leur religion. Jean-Daniel Roque (Fédération protestante de France) a évoqué les difficultés soulevées par les modalités d’application, depuis déjà quarante ans, sans que toutefois de vraies solutions soient mises en place, notant même un rétrécissement : ainsi le catéchisme n’est pas considéré comme relevant de l’exercice du culte. Anouar Kbibech (Conseil français du culte musulman) a plaidé pour le droit à l’indifférence pour les citoyens musulmans, en rappelant que l’islam a pu être pratiqué sans être en contradiction avec la loi de 1905, mais déplore l’instrumentalisation politique présentant l’islam comme « incompatible » avec la société française. Après qu’ait été souligné le problème d’une méconnaissance générale de la laïcité et de son cadre juridique, le Grand Rabbin Haïm Korsia a plaidé avec force pour la formation des cadres religieux eux-mêmes, s’appuyant sur la formation commune des aumôniers aux armées et qui renforce également la connaissance mutuelle des uns et des autres, garante de meilleures collaborations. Carol Saba, porte-parole de l’Assemblée des Évêques orthodoxes de France, souligne que « la religion reste essentielle à la société » mais appelle à un autre regard afin que « les religions ne soient pas perçues comme des facteurs de frontalité » et défendant même l’idée de partenariats entre les cultes et l’État. Pierre Arènes (Union bouddhiste de France) relève que l’apprentissage de la laïcité s’est plutôt bien déroulé depuis les années soixante pour les bouddhistes, sachant que deux tiers sont issus de l’immigration et de différentes traditions. Un laïcisme de combat a selon lui « fatigué » le discours religieux alors que les religions devraient pouvoir réaffirmer des valeurs positives au sein de la société. Mgr Hippolyte Simon, vice-président de la Conférence des Évêques de France, a contesté cette notion qui confinerait la religion à l’unique sphère privée et s’est interrogé sur la compréhension et le respect de « l’espace public non étatique où chacun, croyant ou non, peut apporter sa contribution au vivre ensemble ».
Dans la synthèse finale, le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France, a mis en évidence le « vif désir de la part des religions d’être consultées sérieusement et formellement, non pour imposer leurs vues, mais pour apporter dans la transparence une contribution aux grandes questions qui travaillent notre pays ».
La toute jeune Conférence des responsables de culte en France, par l’organisation de cette table ronde, atteste d’une volonté commune de poursuivre son travail d’échange et de réflexion. »
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