Le 8 février 2006, le journal Charlie Hebdo publiait des caricatures de Mahomet. Si certaines prêtaient à sourire, d’autres, plus insolentes, laissaient un goût amer dans les cœurs. L’islam n’est pas synonyme de terreur et de terrorisme, seul son fondamentalisme, avec ses intégristes, reste condamnable dans ses actions. Pourtant, fallait-il pour autant mélanger les genres dans l’information publique ? Oui, sans aucun doute pour un journal satirique et polémique comme Charlie Hebdo.

Le 8 février 2007, le procès dit des « caricatures de Mahomet » s’est achevé devant le tribunal correctionnel de Paris. Le procureur de la République, Anne de Fontette, a requis la relaxe de Philippe Val, directeur de la publication Charlie Hebdo, alors qu’il était poursuivi pour injures à caractère racial par plusieurs organisations islamiques, dont la grande mosquée de Paris.

L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a adopté un texte fort intéressant, composé de 18 paragraphes, dans sa résolution 1510 intitulée « Liberté d’expression et respect des croyances religieuses », le 28 juin 2006, lors de sa 19e séance.

Voici un extrait des paragraphes 12 à 18 :

« 12. L’Assemblée est d’avis que la liberté d’expression, telle qu’elle est protégée en vertu de l’article 10 de la convention européenne des Droits de l’homme, ne doit pas être davantage restreinte pour répondre à la sensibilité crois-sante de certains groupes religieux. Dans le même temps, l’assemblée rappelle fermement que les discours incitant à la haine à l’encontre de quelque groupe religieux que ce soit ne sont pas compatibles avec les libertés et droits fondamentaux garantis par la convention européenne des Droits de l’homme et les précédents de la cour européenne des Droits de l’homme.

« 13. L’Assemblée invite les parlements des États membres à tenir des débats sur la liberté d’expression et le respect des croyances religieuses, et les parlementaires à rendre compte à l’Assemblée des résultats de ces débats.

« 14. Elle encourage les communautés religieuses en Europe à débattre de la liberté d’expression et du respect des croyances religieuses au sein de chaque communauté, et à entretenir un dialogue avec d’autres communautés religieuses afin de développer un code de conduite et une conception commune de la tolérance religieuse, qui est nécessaire dans une société démocratique.

« 15. L’Assemblée invite également les professionnels des médias et leurs organisations à débattre de l’éthique des médias à l’égard des croyances et des sensibilités religieuses. Elle encourage la création, le cas échéant, d’organes de réclamation et de médiation ou d’autres organes d’autorégulation dans le secteur des médias, qui seraient chargés d’étudier les moyens de recours applicables en cas d’offense à des croyances religieuses.

« 16. L’Assemblée encourage le dialogue interculturel et interreligieux fondé sur les droits de l’homme, impliquant – sur la base de l’égalité et du respect mutuel – la société civile ainsi que les médias, et visant à promouvoir la tolérance, la confiance et la compréhension mutuelles, qui sont essentielles à l’édification de sociétés solidaires et à la consolidation de la paix et de la sécurité au niveau international.

« 17. L’Assemblée encourage les organes du Conseil de l’Europe à œuvrer activement à la prévention du discours de haine dirigé contre différents groupes religieux ou ethniques.

« 18. L’Assemblée décide de revenir sur cette question sur la base d’un rapport sur la législation relative au blasphème, aux insultes à caractère religieux et à l’incitation à la haine à l’encontre de personnes au motif de leur religion, après avoir fait le point sur les différentes approches en Europe, y compris l’application de la convention européenne des Droits de l’homme, les rapports et les recommandations de la Commission euro-péenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) et de la Commission européenne pour la démocratie par le droit (Commission de Venise), et les rapports du commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe ».
Source AILDR-France