4 juin 2021 | Evangeliques.info
Accusés pour fausses allégations selon lesquelles ils auraient insulté le prophète islamique Mahomet par SMS, Shafqat Emmanuel et sa femme, Shagufta Kausar ont été acquittés jeudi 3 juin après sept années de prison. Ils pourraient être libérés dès cette semaine.
La Haute Cour de Lahore a finalement ordonné leur libération jeudi 3 juin, après avoir entendu les arguments des deux parties. Saif-Ul-Malook, l’avocat du couple, a partagé au Christian Post dans un article publié le 3 juin sur son site, sa joie et sa satisfaction «de faire justice pour ce couple.» «Je suis très heureux que nous ayons pu obtenir la remise en liberté de ce couple qui fait partie des personnes les plus fragiles de notre société.» Me Saif-ul-Malook avait déjà défendu, par le passé, la cause d’Asia Bibi, réfugiée depuis 2019 au Canada, pour des faits similaires.
Fausses déclarations, pression et tortures depuis 2013
« Le couple ne devrait pas du tout être en prison, et encore moins risquer d’être exécuté », avait écrit Amnesty International dans une lettre en avril 2021. Selon le groupe de surveillance des persécutions basé aux États-Unis, International Christian Concernant, Emmanuel aurait été torturé devant sa femme et ses enfants, dans le but d’obtenir de faux aveux. « Un juge de session qui a visité la prison de Faisalabad [avait] décrit Shafqat comme un cas désespéré », souligne Saif-ul-Malook, l’avocat du couple. Il ajoute : « Cela signifie qu’être chrétien et accusé de blasphème est en soi suffisant pour être haï par la police, les juges, les avocats et la société en général. On les laisse mourir. »
Régulièrement, des ONG de défense des droits humains dénoncent les abus d’accusations de blasphème, dans le cadre de règlements de compte ou pour cibler les minorités religieuses. L’année 2020 a particulièrement été marquée par un plus grand nombre d’inculpations de cet ordre dans le pays.
Interpellation d’Amnesty International et du Parlement européen
En avril 2021, Amnesty International avait exhorté l’inspecteur général de fournir à Emmanuel Shafqat, paraplégique, des soins de santé adéquats, en raison de son état de sa santé qui se détériorait. Plus tard, le Parlement européen avait voté le 27 avril une motion à l’encontre du Pakistan, précise le site du journal La Croix dans un article publié le 4 juin. L’institution avait invité le pouvoir pakistanais « à condamner sans équivoque l’incitation à la violence et la discrimination à l’encontre des minorités religieuses » et rappelé au Pakistan que sa Constitution « consacre » la liberté religieuse.
L’affaire remonte à juillet 2013. Le chef d’une mosquée, Maulvi Mohammed Hussain, a accusé Emmanuel Shafqat d’avoir utilisé le téléphone de sa femme pour lui envoyer un message offensant insultant le prophète Mahomet avec d’autres déclarations blasphématoires. Le couple a toujours nié sa responsabilité pour ces faits. Selon les époux, leur téléphone leur avait été volé et les messages envoyés suite à une « querelle mineure entre leurs enfants et [leurs] voisins six mois avant l’arrestation, avec lequel ils s’étaient disputés », rapporte le même article du CP.
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