30 décembre 2022 | ICC

Après que le Département d’État américain ait annoncé ses récentes désignations de pays particulièrement préoccupants (CPC) vendredi dernier, la Commission américaine pour la liberté religieuse internationale (USCIRF) a réagi avec « indignation » à l’omission par le Département d’État du Nigeria et de l’Inde de la liste des désignations. Ces deux pays sont notoirement connus pour leurs graves violations de la liberté religieuse, et de nombreuses organisations de la société civile et gouvernements étrangers partagent le sentiment de l’USCIRF.

Nury Turkel, président de l’USCIRF, a déclaré : « Rien ne justifie que le Département d’État n’ait pas reconnu le Nigeria ou l’Inde comme des violateurs flagrants de la liberté de religion, car ils répondent tous deux clairement aux normes légales pour être désignés comme CPC. L’USCIRF est extrêmement déçue que le Secrétaire d’État n’ait pas mis en œuvre nos recommandations et n’ait pas reconnu la gravité des violations de la liberté de religion que l’USCIRF et le Département d’État ont documentées dans ces pays ».

En vertu de la loi sur la liberté religieuse internationale (IRFA) de 1998, le président, par délégation du secrétaire d’État, est tenu de publier chaque année des rapports sur le statut de la liberté religieuse dans chaque pays du monde. L’objectif de ces rapports est, en partie, d’identifier les pays qui « … se livrent ou tolèrent des violations systématiques, continues et flagrantes de la liberté de religion » et de les désigner comme pays particulièrement préoccupants. En outre, le département d’État doit placer sur une liste de surveillance spéciale (SWL) les pays qui ne répondent pas tout à fait à la définition standard des CPC, mais qui sont néanmoins préoccupants.

Comme l’a répété le président Turkel, « les propres rapports du département d’État comprennent de nombreux exemples de violations particulièrement graves de la liberté de religion au Nigeria et en Inde ».

Depuis 2009, l’USCIRF a recommandé que le Nigeria soit désigné comme CPC. Certains rapports estiment que depuis cette époque, plus de 45 000 chrétiens ont été tués à la suite de violences religieuses et ethniques. Bien que le département d’État ait finalement accepté la recommandation de l’USCIRF en 2020, le pays a ensuite été retiré de la liste en 2021, car les conditions de liberté religieuse ont continué à se détériorer. Les conditions en Inde ne se sont pas améliorées non plus, les groupes de défense des droits de l’homme signalant que les attaques à motivation religieuse contre les chrétiens ont augmenté d’au moins 300 % depuis 2004.

Malgré les dispositions qui exigent une amélioration des conditions de la liberté religieuse dans un pays avant que celui-ci ne puisse être retiré de la liste CPC, le département d’État a choisi de négliger ces violations pour ce que certains ont qualifié d’« intérêts bureaucratiques ». Les effets de cette complaisance seront coûteux, car les États-Unis envoient le message aux mauvais acteurs qu’ils ignoreront les graves violations des droits de l’homme en échange d’avantages personnels.

La Commission des États-Unis sur la liberté religieuse internationale est le principal organe consultatif fédéral américain chargé de surveiller la liberté religieuse à l’étranger et de fournir des recommandations politiques à certains des plus hauts responsables des États-Unis, notamment le président, le secrétaire d’État et les membres du Congrès. La frustration et la déception de la Commission face à la dernière annonce du département d’État sont tout à fait justifiées. Les États-Unis doivent rester un leader dans la promotion de la liberté de religion dans le monde. Sans notre soutien unifié et inébranlable, des millions de chrétiens et d’autres minorités religieuses continueront d’être persécutés pour leurs croyances — et leur souffrance sera à notre charge.