13 mai 2022 | Carlo Fidanza | The European Times

Depuis que les yeux du monde sont tournés vers le conflit en Ukraine, il est difficile de parler de liberté religieuse.

D’abord le COVID, puis la guerre ont occulté les drames mineurs mais non moins graves qui se perpétuent dans le reste du globe, les souffrances qui continuent à être perpétrées aux dépens des plus faibles.

Pendant un moment, nous avons réalisé quel était l’état des lieux en matière de liberté religieuse lorsque, l’été dernier, les troupes de l’OTAN se sont retirées d’Afghanistan, et que nous avons soudainement été replongés dans une sombre période de ségrégation et de discrimination. Une époque de persécution à l’encontre de ceux dont le seul tort est de croire en leur propre Dieu ou en leur propre être.

Nous nous sommes rendu compte que dans certaines parties du monde, être une femme ou être chrétien, c’est encore une culpabilité. C’est par exemple l’histoire de Zabi*, dont l’histoire nous a été racontée par l’ONG Open doors, l’histoire d’une jeune femme chrétienne afghane qui a fui suite à la capture des Talibans.

Zabi est une réfugiée qui a dû fuir l’Afghanistan après la prise du pouvoir par les Talibans. Elle est célibataire, encore assez jeune et bien éduquée. Elle était active dans le domaine des droits de l’homme et, par conséquent, une cible pour les talibans.

Mais le fait d’être une militante et de se battre pour ses idéaux n’est pas la seule faute de Zabi. Zabi a de nombreux péchés, dont celui d’être née femme et chrétienne.

Les talibans savent déjà qui elle est et ce qu’elle fait, car il y a cinq ans déjà, ils ont tué son père pour sa foi, après l’avoir torturé pendant plusieurs mois. Et malheureusement, les tragédies de Zabi ne s’arrêtent pas là.

Il y a seulement deux ans, son frère a également disparu. Comme Zabi, il était croyant. Nous ne savons pas si elle a d’autres frères et sœurs, mais la mère de Zabi est toujours en vie. Elle n’est pas chrétienne.

L’histoire de Zabi n’est pas la seule. Il y a beaucoup d’autres histoires, très similaires, des histoires qui se perdent dans la vitesse de la modernité et dans un monde où les priorités sont celles qui font la une des journaux. Ainsi, ce sont précisément ces histoires, celles dont il est impossible de connaître l’épilogue.

Nous savons, par exemple, que beaucoup de ces réfugiés, après la prise de Kaboul, ont fui au Pakistan dans l’espoir d’un avenir meilleur. Et qu’ici même, ils se sont retrouvés, sinon en enfer, certainement au purgatoire. Même au Pakistan, en effet, il n’y a pas de repos pour les chrétiens persécutés.

Avec l’intergroupe, nous avons réussi à attirer l’attention des institutions européennes sur l’infamie des lois anti-blasphème qui font des victimes chaque jour dans cette partie du monde. Grâce à nos actions, nous avons pu sauver le couple Shafqat Emmanuel et Shagufta Kausar en prison depuis huit ans, avec le seul tort d’être chrétiens.

Mais cela ne suffit pas. L’Intergroupe reçoit quotidiennement des rapports, notamment celui de Shahzad Masih, pour lequel l’Intergroupe a fait plusieurs démarches pour tenter d’obtenir une résolution à l’ordre du jour de la session plénière du Parlement.

L’histoire de Shahzad Masih a été portée à l’attention de l’Intergroupe par l’ONG European Centre for Justice and Law. Shahzad est un jeune chrétien de 22 ans qui se trouve dans les prisons pakistanaises depuis cinq ans, prétendument accusé d’être un blasphémateur.

En 2017, alors qu’il était au travail — au moment des faits, Shahzad travaillait dans un hôpital en tant que concierge — Shahzad s’est disputé avec l’un de ses collègues musulmans. Peu après la dispute, la situation a dégénéré, et Shahzad a été arrêté.

À partir de ce moment, il est également devenu impossible d’obtenir une date d’audience. Une audience qui, à ce jour, continue d’être reportée.

Plusieurs raisons expliquent pourquoi il est difficile de porter cette affaire à l’attention des institutions européennes et d’obtenir une audience devant les tribunaux pakistanais.

Tout d’abord, même avant les récents développements au Pakistan, la situation concernant les lois sur le blasphème était complexe. L’administration pakistanaise elle-même est en fait l’otage de segments radicalisés de la population qui défendent ardemment les lois anti-blasphème et craignent donc qu’en libérant un présumé coupable de blasphème, des protestations se produisent.

Au niveau européen, l’intergroupe fait de son mieux pour mener les batailles liées à la religion. Cependant, il se heurte souvent à une culture relativiste. Une culture qui imprègne l’institution européenne et qui veut reléguer toute discussion sur la religion à une affaire purement privée, sans se rendre compte que, ce faisant, ils ne sont même pas capables d’établir des frontières et des limites claires pour les négociations avec les pays tiers.

L’espoir est donc que, dès que possible, les institutions européennes se réveillent de cette torpeur et commencent à peser de tout leur poids — politique et économique — dans ces négociations afin que la vie de ceux qui veulent vivre sur leurs propres terres et qui regardent encore ce continent avec espoir, soit protégée.


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