24 juillet 2022 | Massimo Introvigne | Bitter Winter
Les Témoins de Jéhovah ont obtenu une nouvelle victoire judiciaire en Belgique le 16 juin 2022, cette fois contre le « gardien gouvernemental des sectes » appelé CIAOSN (Centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles), un centre indépendant établi par la loi belge du 2 juin 1998, modifiée par la loi du 12 avril 2004, auprès du ministère belge de la Justice.
Le 30 novembre 2018, le CIAOSN a produit le rapport « Signalement sur le traitement des abus sexuels sur mineurs au sein de l’organisation des témoins de Jéhovah ». Ce rapport a été communiqué à la Chambre des représentants et au ministre de la Justice. Dans les mois qui ont suivi, des informations sur le rapport ont été publiées par plusieurs médias belges, affirmant qu’un document officiel du CIAOSN avait indiqué que les Témoins de Jéhovah cachaient des cas d’abus sexuels sur des mineurs survenus au sein de leurs congrégations, et qu’une enquête publique était nécessaire. En fait, en février 2019, un groupe de travail parlementaire enquêtant sur la question a été créé. Le 5 avril 2019, le groupe de travail a publié un rapport intermédiaire, qui recommande que « l’étude du rapport de la CIAOSN » soit poursuivie par le Parlement.
Dans le même temps, également sur la base du rapport CIAOSN, une affaire pénale a été ouverte. Comme l’a rapporté Bitter Winter l’année dernière, le 5 octobre 2021, après une enquête et une perquisition au siège national belge des Témoins de Jéhovah, le tribunal de première instance de Bruxelles a rejeté les accusations portées contre l’organisation belge des Témoins de Jéhovah et des membres individuels de l’organisation, qui avaient été accusés de ne pas avoir signalé à la police les allégations d’abus sexuels sur des enfants dans leurs congrégations dont ils avaient eu connaissance, violant ainsi les articles 422 bis et 442 quart du Code pénal belge, qui rendent le signalement obligatoire.
En 2019, les Témoins de Jéhovah ont poursuivi l’auteur d’un article particulièrement vicieux publié dans le journal belge Le Soir et l’éditeur du journal. Le 16 novembre 2020, le tribunal de Bruxelles a donné tort aux Témoins de Jéhovah, arguant que le journal avait fondé son article sur un rapport du CIAOSN, une agence gouvernementale fiable. Les Témoins de Jéhovah ont ensuite poursuivi l’État belge, qui est responsable des activités du CIAOSN, le 17 juin 2021.
Les Témoins de Jéhovah ont noté que le rapport de la CIAOSN était fondé sur une méthodologie défectueuse, qui a conduit à des conclusions non étayées et à des informations fausses et calomnieuses diffusées dans les médias.
Le CIAOSN indique dans ce document que « En juin 2018, le CIAOSN a reçu une notification selon laquelle trois des 286 témoignages reçus par la Fondation “Reclaimed Voices” aux Pays-Bas concernent des faits qui auraient eu lieu en Belgique. » Il semblerait que ce soit l’un des éléments à l’origine de la production du rapport du CIAOSN.
Cependant, le 9 mars 2021, l’ONG Human Rights Without Frontiers, basée à Bruxelles, a rapporté que « Un membre néerlandophone du conseil d’administration de Human Rights Without Frontiers (HRWF) a contacté Reclaimed Voices aux Pays-Bas pour vérifier la crédibilité de ces informations et obtenir plus de détails sur les trois cas présumés d’abus sexuels en Belgique. Dans sa réponse, le responsable de Reclaimed Voices aux Pays-Bas a démenti une telle information rendue publique en Belgique, déclarant dans une correspondance privée datée du 10 février 2021 : “Les informations contenues dans le rapport du CIAOSN ne sont pas correctes. Le 29 mars 2019, nous avons envoyé un courriel au CIAOSN concernant cette inexactitude. À cette époque, nous avons appris que Koen Geens, ministre de la Justice (CD&V), avait déclaré sur Radio 1 en Belgique : ‘C’est le CIAOSN lui-même qui s’est rendu aux Pays-Bas pour trouver ces informations et qui a déclaré que parmi les 286 plaintes néerlandaises, il y avait trois plaintes belges. Des propos similaires ont été tenus à la télévision dans l’émission ‘Van Gils & Guests’. Dans les médias néerlandais, nous avons seulement témoigné de la situation aux Pays-Bas. Les chiffres qui ont été mentionnés ne concernent que les victimes présumées d’abus aux Pays-Bas.’
La manière dont les données relatives aux Pays-Bas ont été collectées et compilées est également très discutable, mais en ce qui concerne la Belgique, le fait est que les trois cas belges figurant sur la liste de Reclaimed Voices n’ont jamais existé. Dans le cas de Bruxelles, le gouvernement belge a reconnu ce fait, mais a affirmé que cela n’invalidait pas le rapport dans son ensemble.
Outre la référence incorrecte à trois cas belges ‘trouvés’ aux Pays-Bas, le CIAOSN a mentionné qu’il avait reçu d’autres plaintes ‘directes ou indirectes’, mais la majeure partie de son rapport ne traite pas de la Belgique, aucun cas spécifique n’est cité et la plupart des ‘informations’ proposées proviennent de coupures de presse.
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