24 avril 2023 | HRW

La fête hindoue de Ram Navami en Inde, qui a coïncidé cette année avec le mois sacré musulman du Ramadan, a été marquée par des violences déclenchées par des processions d’hindous qui ont traversé des quartiers musulmans en brandissant des armes et en criant des slogans antimusulmans.

Les 30 et 31 mars, des violences communautaires ont été signalées dans plusieurs États. Au Bihar, une foule aurait vandalisé et incendié une importante madrassa. Les médias ont rapporté qu’ un adolescent hindou avait été tué lors des affrontements. Dans tout le pays, plus de 100 personnes ont été arrêtées et des dizaines ont été blessées.

Les festivals hindous de l’Inde sont de plus en plus utilisés par le parti majoritaire hindou Bharatiya Janata Party (BJP) pour rallier les électeurs, ce qui entraîne une augmentation de la violence. Ces foules sont encouragées par un sentiment de patronage politique qui leur assure l’impunité. Après les violences survenues dans l’État du Bengale occidental, gouverné par l’opposition, où les autorités ont arrêté plus d’une douzaine de membres et de sympathisants du BJP, le parti a allégué la partialité de la police et une “action disproportionnée”.

Les faits montrent que ce sont généralement les musulmans qui sont injustement visés par les autorités. En avril dernier, des affrontements communautaires ont éclaté lorsque des cortèges d’hommes hindous célébrant une fête religieuse ont crié des slogans offensants à l’extérieur des mosquées. Au lieu de tenter de mettre un terme à ces incitations ou d’enquêter sur ces incidents, les autorités du BJP dans le Madhya Pradesh et le Gujarat ont réagi en démolissant sommairement des propriétés musulmanes. En octobre, lors d’une autre fête hindoue, la police du Madhya Pradesh a réagi aux affrontements communautaires en démolissant les maisons de trois musulmans accusés d’avoir jeté des pierres. La police du Gujarat a fouetté publiquement des hommes musulmans.

Les gouvernements du BJP, à tous les niveaux, ont adopté des lois et des politiques discriminatoires à l’égard des minorités religieuses, et ses dirigeants et affiliés tiennent fréquemment des propos hostiles aux minorités, y compris en incitant à la violence.

L’Organisation de la coopération islamique (OCI) a qualifié ces derniers incidents de “manifestation éclatante de l’islamophobie croissante et du ciblage systémique de la communauté musulmane en Inde”. Le ministère indien des affaires étrangères a réagi en qualifiant la déclaration de l’OCI de “nouvel exemple de leur mentalité communautaire et de leur programme anti-indien”.

L’Inde souhaite promouvoir ses références démocratiques afin d’améliorer son statut sur la scène internationale, et le Premier ministre Narendra Modi a choisi de présenter son gouvernement lors de la présidence tournante du Groupe des 20. Mais la violence croissante à l’encontre des minorités et la répression de la société civile ont toutes les caractéristiques d’un régime autoritaire.

Si l’Inde veut être un véritable leader mondial, mettre fin aux violations des droits de l’homme doit être une priorité.