17 octobre 2019 | Gu Xi | Bitter Winter
Les étudiants africains chrétiens ne sont pas autorisés à avoir leur propre lieu de culte ni à fréquenter ceux de leurs coreligionnaires chinois. De plus, ils ont été placés sous surveillance et sont la cible d’enquêtes secrètes.
La répression vigoureuse que mène le PCC contre les lieux de culte ayant des liens avec l’étranger sous prétexte d’« empêcher l’infiltration étrangère au travers de la religion » a aussi un impact sur la vie des étudiants étrangers en Chine.
Un groupe de plus de 80 étudiants africains résidant dans une ville de la province du Liaoning, au nord-est du pays, ont indiqué à Bitter Winter qu’ils avaient eu beaucoup de mal à trouver un endroit où pratiquer leur religion.
En septembre, le responsable de l’église des Trois-Autonomies qu’ils fréquentaient au début a reçu une injonction du gouvernement interdisant aux étrangers d’assister aux rassemblements de l’église.
Les étudiants peinaient à comprendre le raisonnement du gouvernement. « Tout ce que nous voulons, c’est un endroit où nous rassembler », a déclaré l’un des étudiants, mécontent.
« Au fond de notre cœur, nous ne souhaitions pas les voir partir », a confié un fidèle chinois. Il a également révélé que lors d’un symposium « anti-infiltration religieuse » organisé en août par le gouvernement local, les fonctionnaires ont demandé au responsable de l’église s’il menait des activités en lien avec l’étranger. Peu après, les étudiants étrangers étaient chassés de l’église.
Le gouvernement a aussi menacé ou fait pression sur d’autres lieux de culte chrétiens. Lorsque les étudiants étrangers ont demandé à une autre église des Trois-Autonomies de les autoriser à assister à ses rassemblements, ils ont également essuyé un refus. À ce jour, ils n’ont toujours pas trouvé de lieu de rassemblement qui convienne.
Plus de 40 étudiants africains inscrits dans une université de la province centrale du Hubei se trouvent dans la même situation. Depuis octobre de l’année dernière, le lieu de culte contrôlé par le gouvernement où ils se rendaient pour assister aux rassemblements a reçu de nombreuses menaces émanant de fonctionnaires du gouvernement qui exigeaient du directeur de l’église qu’il expulse les étudiants étrangers.
Les étudiants sont aujourd’hui contraints de prier dans la clandestinité, organisant des fêtes d’anniversaire pour couvrir leurs rassemblements.
L’un des étudiants a affirmé qu’il ne voyait pas comment le gouvernement pouvait prétendre que la « liberté de croyance » existait bien en Chine. « Je ne comprends pas pourquoi les dirigeants chinois ne permettent pas aux étrangers d’organiser des rassemblements religieux », a déclaré l’étudiant, perplexe. « Cette interdiction nous a contraints à pratiquer notre religion dans la clandestinité. »
Parallèlement à la répression accrue exercée contre les groupes religieux ayant des liens avec d’autres pays, les étudiants et les enseignants étrangers font l’objet d’une surveillance encore plus stricte. Bitter Winter s’est procuré des documents émanant d’universités situées dans les provinces du Heilongjiang, du Jilin, du Henan et d’ailleurs, qui exigeaient tous que la surveillance exercée sur les étudiants et les enseignants étrangers soit renforcée et que l’on enquête sur leur situation religieuse. Ces documents requièrent également le réexamen des procédures d’embauche des personnels enseignants étrangers et des programmes d’échanges universitaires avec l’étranger dans les écoles.
L’administrateur d’une université de Jiujiang, une ville-préfecture de la province du Jiangxi a indiqué qu’en apparence, le gouvernement traite très convenablement les étudiants africains, mais en réalité, il les surveille secrètement. « Si on découvre que qui que ce soit est devenu trop proche d’eux, les deux groupes font l’objet d’une surveillance et d’une enquête. Mais la plupart des étudiants africains ne savent absolument pas qu’ils sont sous surveillance », a expliqué l’administrateur.
« Les étudiants africains dont on découvre qu’ils assistent à des rassemblements organisés dans des églises de maison ou qu’ils diffusent l’Évangile auprès d’autres étudiants, sont aussitôt exclus de l’école », a poursuivi l’administrateur, avant d’ajouter que l’école a déjà renvoyé un étudiant africain pour avoir prêché l’Évangile à ses camarades chinois. L’étudiant a par la suite été expulsé vers son pays d’origine.
En septembre, un professeur sud-coréen qui avait autrefois enseigné dans une université de la ville de Yanji au Jilin n’a pas été autorisé à revenir en Chine parce qu’en octobre 2018, suite à une descente dans un lieu de rassemblement chrétien de la ville, situé sur la rue Chaoyang, la police les a trouvés, lui et d’autres enseignants sud-coréens, fréquentant l’église. Certains d’entre eux ont ensuite été expulsés.
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