22 février 2022 | Article 18

Un groupe d’anciens prisonniers de conscience chrétiens iraniens, condamnés à plus de 50 ans de prison, ont publié une déclaration commune dénonçant le refus de l’éducation aux chrétiens persanophones en Iran.

La déclaration, rédigée en persan, a été publiée hier pour coïncider avec la Journée internationale de l’éducation.

Les signataires sont Mary Mohammadi, Amin Afshar-Naderi, Manizheh Bagheri, Mostafa Bordbar, Shapoor Jozi, Payam Kharaman, Sam Khosravi, Parastou Zariftash, Mohsen Aliabady Ravari, Farshid Fathi, Kavian Fallah-Mohammadi, Maryam Fallahi, Reza (Davoud), Nejat Sabet et Sahab Fazli, mère de l’actuel prisonnier Nasser Navard Gol-Tapeh.

Mary Mohammadi a déjà parlé avec Article18 du déni de son droit à l’éducation après avoir été expulsée de l’université, sans explication, à la veille de ses examens d’anglais en décembre 2019.

Elle avait alors déclaré que le déni des droits fondamentaux, notamment à l’éducation, est utilisé comme un « levier pour faire pression sur les membres des minorités religieuses et les militants des droits humains dans l’espoir qu’ils cessent leurs activités et abandonnent leurs croyances ».

Pendant ce temps, l’actuel prisonnier d’opinion Yousef Nadarkhani a fait une grève de la faim de 21 jours en septembre-octobre 2019 pour protester contre le refus d’éducation de ses deux fils, Youeil et Danial, qui ont été exclus de l’école pour avoir refusé de suivre des cours d’islam. (Les enfants non musulmans sont exemptés de passer les examens d’études islamiques, mais les enfants de convertis ne sont pas reconnus comme chrétiens et ne bénéficient donc pas de cette exemption).

Que dit la déclaration ?

Dans leur déclaration, les signataires affirment qu’en tant que minorité « non reconnue », les chrétiens persanophones sont soumis à « une mer de persécutions et d’oppression », dont le refus de l’éducation n’est qu’un aspect.

Ils notent que le droit à l’éducation est garanti par la constitution iranienne, ainsi que par des déclarations internationales dont l’Iran est signataire, comme la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Mais ils ajoutent : « Malheureusement, la République islamique d’Iran, en violation de ses obligations internationales et de sa constitution, nous expulse, nous chrétiens persanophones et nos enfants, de l’école et de l’université… Les rêves que nous avons nourris dans nos cœurs et nos esprits, et les projets que nous avions pour nos emplois et notre avenir disparaissent comme un nuage au-dessus de nos têtes. »

En conséquence, disent les signataires, les enfants de convertis sont rendus « invisibles » à la société, et leur situation critique n’est même pas connue de la plupart des gens.

Les auteurs concluent par un appel passionné, adressé à tous les Iraniens, pour qu’ils protègent le droit à l’éducation — « non seulement pour les chrétiens, mais pour les personnes de toutes les croyances, pour les générations actuelles et futures ».