23 octobre 2021 | UCA News

Les experts des droits de l’homme des Nations unies ont appelé le Pakistan à libérer immédiatement Stephen Masih, un chrétien du district de Sialkot détenu depuis plus de deux ans dans l’attente de son procès pour avoir prétendument commis un blasphème.

« Nous sommes gravement préoccupés par la persécution et la détention de M. Masih pour cause de blasphème, ainsi que par le traitement qui lui est réservé par les autorités judiciaires et pénitentiaires, qui sont au courant de son handicap psychosocial et de son état de santé », ont déclaré les experts dans un communiqué publié le 21 octobre.

Ils ont appelé les autorités pakistanaises à réexaminer d’urgence le cas de M. Masih, à le libérer et à abandonner toutes les charges retenues contre lui, et à assurer sa protection et celle de sa famille.

Les experts de l’ONU se sont dits préoccupés par la persistance des persécutions et des actes de violence perpétrés par des acteurs étatiques et non étatiques au Pakistan, alimentés par des allégations d’apostasie et de blasphème, et visant souvent les minorités religieuses ou de croyance.

Masih a été attaqué par une foule l’accusant d’avoir commis un blasphème suite à une dispute avec l’un de ses voisins dans le village d’Imran Pura Badian en mars 2019. La maison de sa famille a également été incendiée.

La police locale a enregistré une plainte et l’a arrêté le 15 mars 2019, mais il n’a été informé des accusations de blasphème qu’après trois mois.

« Nous demandons instamment au gouvernement du Pakistan de se conformer à ses obligations internationales en matière de droits de l’homme, notamment en ce qui concerne la liberté d’expression, de religion ou de croyance. »

« Il est profondément alarmant qu’un simple désaccord entre voisins puisse conduire au harcèlement judiciaire d’un individu, sur la base de ses convictions religieuses ou autres, et par l’utilisation de lois anti-blasphème pouvant entraîner la peine de mort », ont déclaré les experts.

Selon les informations reçues par les experts de l’ONU, l’accusation n’a divulgué publiquement aucune preuve contre Masih et aucun témoignage n’a jamais été enregistré.

Les experts de l’ONU se sont également dits préoccupés par le manque de soins médicaux prodigués à Masih dans la prison du district de Sialkot. Les examens médicaux destinés à évaluer sa santé mentale et son aptitude à passer en jugement ont été retardés à plusieurs reprises, ont-ils ajouté.

Les experts ont ajouté que la détention signalée de Masih dans une cellule avec des prisonniers de confession musulmane le mettait en danger et constituait un sujet de préoccupation.

« Nous demandons instamment au gouvernement pakistanais de se conformer à ses obligations internationales en matière de droits de l’homme, notamment en ce qui concerne la liberté d’expression, de religion ou de conviction, ainsi que les droits des personnes appartenant à des minorités, d’abroger toutes ses lois anti-blasphème et anti-apostasie et de prendre des mesures pour lutter contre les appels à la haine religieuse qui constituent une incitation à la discrimination et à la violence », ont déclaré les experts.

Les experts ont été en contact avec le gouvernement pakistanais pour tenter de résoudre ce problème.