8 mai 2022 | Massimo Introvigne | Bitter Winter

C’est maintenant le moment de proposer quelques conclusions de notre livre blanc, que nous avons présenté ici sous la forme d’une série de sept articles. Une version annotée paraîtra dans le numéro de mai-juin 2022 de « The Journal of CESNUR ».

La FECRIS, dont nous avions souligné le rôle dans la diffusion de l’anti-culturalisme dans le monde dans notre premier Livre blanc en 2021, a constamment soutenu la répression de la Chine et de la Russie, deux régimes totalitaires et antidémocratiques, contre les minorités religieuses qualifiées de « sectes », une répression que les organisations internationales et les gouvernements démocratiques ont dénoncée et qui a impliqué des arrestations, des tortures et des exécutions extrajudiciaires.

Depuis la participation infâme d’anti-cultistes français au « Symposium international sur les sectes destructrices » de Pékin en 2000, la FECRIS et ses affiliés ont soutenu la répression impitoyable du Falun Gong et d’autres groupes qualifiés de « xie jiao » en Chine. Alors que les preuves d’atrocités s’accumulaient, la FECRIS et ses affiliés n’ont jamais critiqué la politique anti-sectes du régime chinois. En fait, une relation symbiotique s’est maintenue, et les représentants de la FECRIS ont même défendu le régime de Xi Jinping contre les critiques dans des domaines sans rapport avec la religion.

L’anticulturaliste russe le plus connu, et le principal architecte de la répression russe des religions minoritaires, Alexander Dvorkin, a été vice-président de la FECRIS pendant douze ans, de 2009 à 2021, et l’un de ses visages publics les plus visibles. Au moment où nous écrivons ces lignes, il fait toujours partie du conseil d’administration de la FECRIS. Les affiliés russes sont restés parmi les branches les plus actives de la FECRIS jusqu’en mars 2022, date à laquelle, pendant la guerre en Ukraine, ils auraient été expulsés ou suspendus — mais de manière quelque peu secrète et sans annonce publique à la date de rédaction de cet article.

Avant mars 2022, la FECRIS n’a jamais pris ses distances avec Dvorkin ou ses affiliés russes. Lors du symposium de la FECRIS en 2009 à Saint-Pétersbourg, les dirigeants de la FECRIS ont même rencontré le ministre de la Justice de la Fédération de Russie, échangeant des informations et des suggestions sur la manière de mieux combattre les « sectes ». Par la suite, la FECRIS s’est donné beaucoup de mal pour défendre les déclarations les plus absurdes de ses affiliés russes. En Allemagne, en 2020, la FECRIS a défendu devant les tribunaux l’affirmation selon laquelle la persécution des Témoins de Jéhovah en Russie n’est que l’invention d’une « propagande primitive. »

Pendant dix-huit ans, de la révolution orange de 2004 au début de la guerre de 2022, les affiliés russes de la FECRIS ont contribué à la politique russe et à la campagne de calomnie contre l’Ukraine et le mouvement démocratique ukrainien, en affirmant qu’en tant qu’« experts en sectes », ils étaient en mesure de prouver qu’une conspiration occidentale avait infiltré en Ukraine des « sectes » qui ont joué un rôle crucial dans le premier et le deuxième Maïdan.

Cette diabolisation de l’Ukraine a ouvert la voie à la guerre de 2022 et à ses atrocités. Tout cela a duré près de deux décennies, pendant lesquelles les affiliés russes ont été salués par la FECRIS pour leur activisme et leurs succès, et Dvorkin a été promu par la FECRIS comme l’un de ses principaux dirigeants.

Nous espérons que l’« expulsion » ou la « suspension » des affiliés russes de la FECRIS dont nous avons parlé dans les premiers articles de cette série sera suivie de l’expulsion et de la dénonciation publique de Dvorkin. Mais ce sera, en tout état de cause, trop peu et trop tard.

Le problème n’est pas seulement organisationnel. Il est idéologique. Expulser Dvorkin ne serait pas d’une grande utilité sans expulser de la FECRIS l’idéologie de Dvorkin. Cette série d’articles a soulevé la question de savoir si l’idéologie de Dvorkin n’est pas simplement l’idéologie de la FECRIS elle-même.


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