19 mai 2022 | Article 18

Le pasteur Yousef Nadarkhani, détenu arbitrairement, a dû retourner à la prison d’Evin, à Téhéran, le 29 avril, après avoir bénéficié de sa première visite chez lui en près de quatre ans.

Le pasteur, autrefois condamné à mort pour « apostasie », purge depuis juillet 2018 une peine de dix ans — réduite ensuite à six ans — pour avoir « agi contre la sécurité nationale en propageant des églises de maison et en promouvant le christianisme “sioniste” ».

Le 15 avril, il a bénéficié de sa toute première permission de sortie de prison, une semaine de permission contre une caution de 300 millions de tomans (environ 11 500 dollars), qui a ensuite été prolongée de sept jours supplémentaires, pour lesquels il était éligible n’ayant jamais pris de permission auparavant.

La Commission américaine sur la liberté religieuse internationale, qui a recommandé cette semaine au département d’État de continuer à désigner l’Iran comme un « pays particulièrement préoccupant » en raison de « violations systématiques, continues et flagrantes de la liberté religieuse », s’est félicitée de la mise en liberté provisoire de Yousef, mais a demandé sa libération définitive.

Dans une déclaration publiée au début de la permission, Nadine Maenza, présidente de l’USCIRF, a déclaré : « La permission du pasteur Nadarkhani est un développement bienvenu après des années de détention et une grave maladie à la prison d’Evin.

« Nous appelons l’Iran à libérer complètement le pasteur Nadarkhani et toutes les autres personnes qui purgent des peines de prison en raison de leurs convictions religieuses. »

Yousef était l’un des quatre prisonniers de conscience chrétiens à développer des symptômes de Covid-19 après une épidémie dans leur quartier de la prison, le hall 8 du quartier 8, en février.

À l’époque, Article18 avait rapporté comment Yousef, qui avait refusé pendant des années toute possibilité de permission jusqu’à ce que tous ses compagnons chrétiens prisonniers de conscience en aient eux-mêmes bénéficié, s’était vu refuser sa toute première demande.

Aujourd’hui, il a enfin eu la chance de rentrer chez lui et de passer deux précieuses semaines à Rasht avec sa femme, Tina, et ses fils Danial et Youeil.

Mais Yousef doit maintenant les quitter une fois de plus et retourner en prison, malgré les appels de l’USCIRF et du groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire, entre autres, pour sa libération permanente.

Le Groupe de travail de l’ONU a statué en novembre 2020 que la détention de Yousef était « arbitraire » sur quatre points : absence de base légale pour la détention ; détention résultant de « l’exercice légitime » des libertés ; absence de procès équitable et de procédure régulière ; et « discrimination fondée sur les convictions religieuses ».

L’USCIRF, quant à elle, a déclaré dans sa récente déclaration que les accusations portées contre lui étaient « fausses », et a fait remarquer que Yousef avait été battu et que l’un de ses fils avait reçu un coup de taser par les agents qui l’avaient emmené en prison il y a quatre ans.

La commission a également noté que les fils de Yousef ont été privés d’éducation pendant son incarcération, ce qui a poussé Yousef à entreprendre une grève de la faim de trois semaines.

Article18 se joint à l’USCIRF et au groupe de travail des Nations unies pour appeler l’Iran à libérer immédiatement et sans condition Yousef et tous les autres prisonniers détenus pour des motifs religieux, conformément à ses obligations en tant que signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantit la liberté de religion, y compris la liberté de changer de foi et de la partager avec d’autres.


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