1 septembre 2022 | Article 18
Un avocat qui a contribué à sauver un pasteur du couloir de la mort il y a dix ans est maintenant emprisonné à ses côtés.
Mohammad Ali Dadkhah a défendu Yousef Nadarkhani contre une condamnation à mort pour « apostasie » prononcée en 2010, dont il a finalement été acquitté en septembre 2012.
Mais avant même l’acquittement de son client, M. Dadkhah avait lui-même été condamné à neuf ans de prison et à dix ans d’interdiction d’exercer le droit ou d’enseigner dans les universités — pour « propagande contre le régime ».
L’avocat a commencé à purger sa propre peine le mois même où son client a été libéré.
M. Dadkhah a été libéré sur parole l’année suivante, mais neuf ans plus tard, son dossier a été soudainement rouvert, et il est maintenant de retour en prison, aux côtés de son ancien client, qui purge lui-même une nouvelle peine de prison pour « organisation et propagation d’églises de maison » et « promotion du christianisme sioniste ».
La nouvelle arrestation de M. Dadkhah et son transfert à la prison d’Evin ont été signalés sur le compte Instagram privé de l’avocat Iman Pirouzkhah le 20 juillet, et partagés sur Twitter par son confrère Mostafa Nili.
L’« apostasie » dans la République islamique
Le « crime » d’apostasie n’a jamais été codifié en droit iranien, mais des condamnations à mort peuvent toujours être prescrites en vertu de la loi islamique (charia), que le code pénal iranien permet de faire prévaloir en cas d’ambiguïté.
Toutefois, ce verdict n’a été appliqué qu’une seule fois par un tribunal de la République islamique, lorsque le pasteur Hossein Soodmand a été pendu en 1990.
Un autre pasteur, Mehdi Dibaj, a été condamné à mort pour son « apostasie » en 1993, mais libéré en janvier 1994 après une intense opposition internationale, comme cela s’est produit dans le cas de Yousef.
Mehdi a été tué cinq mois seulement après sa libération, tandis que le pasteur qui a contribué à sa libération, Haik Hovsepian, a été assassiné trois jours seulement après avoir obtenu la liberté de son ami.
Pression sur les défenseurs des droits
La République islamique exerce depuis longtemps des pressions sur les avocats qui s’occupent d’affaires de « sécurité ».
Parmi les autres défenseurs des droits humains notables qui ont été pris pour cible ces dernières années figurent Nasrin Sotoudeh, Abdolfattah Soltani, Mohammad Seifzadeh, qui a également travaillé sur l’affaire d’« apostasie » de Yousef, et Amirsalar Davoudi, qui a défendu un autre prisonnier d’opinion chrétien, Nasser Navard Gol-Tapeh.
Ces derniers mois, la pression exercée sur les militants civils et politiques en Iran s’est intensifiée, de nombreux d’entre eux ayant été arrêtés et envoyés en prison.
Les tribunaux ont également prononcé de lourdes peines à l’encontre de chrétiens, dont deux Irano-arméniens condamnés à 10 ans de prison chacun ; ils ont arrêté un certain nombre de femmes sous prétexte de « mauvais hijab » ; ils ont fait une descente au domicile de nombreux bahá’ís et les ont arrêtés.
Commentaires récents