20 décembre 2022 | Article 18

Trois membres de l’« Église d’Iran » condamnés à cinq ans de prison pour avoir « propagé des croyances déviantes contraires à l’islam » ont été innocentés lors d’un deuxième procès portant sur des accusations identiques.

Dans le même temps, l’un des hommes, Morteza Mashoodkari, a vu sa peine de prison réduite de moitié.

Le deuxième procès a eu lieu le 2 novembre devant le tribunal révolutionnaire de Rasht. Une semaine plus tard, Morteza a été informé qu’il avait également obtenu une « grâce partielle » et une réduction de sa peine à deux ans et demi.

Morteza bénéficie maintenant d’un congé de 10 jours de la prison, car il est devenu éligible à la permission de sortie, ayant purgé une proportion suffisante de sa peine réduite.

Aucune explication n’a été donnée sur la grâce de Morteza — ni sur la raison pour laquelle elle n’a été que partielle — alors qu’aucune grâce n’a été accordée aux deux autres membres de l’« Église d’Iran » emprisonnés à ses côtés, Ahmad Sarparast et Ayoob Poor-Rezazadeh.

Le directeur d’Article18, Mansour Borji, a déclaré que la décision de ne gracier qu’un seul des trois prisonniers semblait « complètement aléatoire » et qu’elle était liée à une grâce plus large accordée à des milliers de prisonniers au cours des derniers mois, notamment aux convertis chrétiens Nasser Navard Gol-Tapeh et Fariba Dalir.

« Alors que les trois convertis font partie de la même affaire et que les charges pour lesquelles ils ont été injustement condamnés sont identiques, les autorités judiciaires n’ont fourni aucune explication quant à la raison pour laquelle la réduction de la peine de prison n’a pas également été proposée aux deux autres convertis », a-t-il déclaré.

M. Borji a ajouté que le jugement rendu dans ce second procès n’a aucune incidence sur le premier, même si les chefs d’accusation étaient identiques.

Par ailleurs, l’avocat qui a défendu les trois hommes lors de leur dernière comparution devant le tribunal, Mustafa Nili, est également en détention. Il a été arrêté à l’aéroport de Téhéran une semaine après l’audience de Rasht.

Contexte

Morteza, Ahmad et Ayoob sont le deuxième trio de membres de l’« Église d’Iran » à avoir été emprisonnés en vertu de l’article 500 modifié du Code pénal, après Milad Goodarzi, Amin Khaki et Alireza Nourmohammadi, qui sont en prison depuis novembre 2021.

Morteza, Ahmad et Ayoob ont été arrêtés une première fois en septembre 2021, et condamnés en avril 2022. Ils ont été arrêtés de nouveau un mois plus tard et sont en prison depuis lors.

De nombreux membres de l’« Église d’Iran » ont été emprisonnés ces dernières années, notamment le pasteur Yousef Nadarkhani, qui a été condamné à mort pour « apostasie ».

Les vues de la dénomination sur la Trinité ne sont pas orthodoxes, ce qui a conduit certaines sections de l’Église au sens large à se dissocier du groupe.

La controverse qui les entoure a également été utilisée par le régime iranien comme un moyen de présenter ses membres comme « déviants ». Par exemple, lors du premier procès d’Ahmad, Morteza et Ayoob, le procureur les a qualifiés d’« adorateurs de Satan ».

Dans leur première et dernière défense, en février, les trois hommes ont déclaré qu’ils n’étaient « que des chrétiens pratiquant leur culte selon la Bible » et qu’ils « ne se sont livrés à aucune propagande contre le régime ni à aucune action contre la sécurité nationale ».