23 novembre 2021 | AIDLR

Quelles seraient vos premières remarques après votre nomination au poste de secrétaire général de l’AIDLR ?

Il y a deux points clés sur lesquels je voudrais insister au cours de ce prochain mandat : la gratitude et la responsabilité. Tout d’abord la gratitude pour l’idée fondatrice de la défense et de la promotion de la liberté religieuse — née dans l’esprit, le cœur et la volonté du Dr Jean Nussbaum — suivie par tous les présidents, secrétaires généraux et membres du Comité d’honneur ainsi que par d’autres responsables et associés de l’AIDLR — une idée adoptée et soutenue par tous ceux qui nous ont rejoints librement et de manière désintéressée au cours des 75 années de notre existence. Je suis reconnaissant, nous tous dans l’Association sommes reconnaissants, et nous nous inclinons respectueusement devant son prestigieux héritage. En second lieu, je me sens responsable de continuer à œuvrer pour la défense et la promotion de la liberté religieuse, en gardant toujours à l’esprit tant ses principes fondamentaux que les défis traditionnels et nouveaux qui les affectent. Il s’agit d’une responsabilité personnelle, bien sûr, en tant que représentant et porte-parole de l’AIDLR, mais c’est aussi un grand privilège, compte tenu des valeurs profondes et significatives que cette association défend. C’est pourquoi, étant donné que c’est un privilège, j’invite tous nos associés, partenaires et parties prenantes à nous rejoindre dans l’accomplissement de cette détermination d’aider les gens à vivre librement et selon leur conscience.

Vous avez mentionné les « principes fondamentaux » et les « nouveaux défis » en termes de liberté religieuse. Pourriez-vous développer chaque expression ?

Les principes fondamentaux de la liberté religieuse qu’AIDLR défend et promeut sont les principes de la liberté de conscience, de croyance, de culte et de religion, qui s’expriment par le droit d’avoir ou de ne pas avoir la foi, le droit de pratiquer ou de ne pas pratiquer le culte, les droits d’adopter, d’abandonner, de changer et de partager des croyances et une religion. De même, le principe de séparation entre l’État et la religion et l’égalité des droits de citoyenneté et de non-discrimination en matière de choix religieux. À ces principes fondamentaux sont liés, parfois étroitement, parfois indifféremment, les droits à la liberté d’expression, à la liberté d’enseignement, à la liberté d’association et de réunion. Tous ces principes fondamentaux sont fondés sur notre vision de la dignité immanente et universelle de chaque être humain, indépendamment de sa naissance, de sa nationalité, de son ethnie, de sa religion, de son sexe ou de son statut social.

Nombre de ces principes référencés sont aujourd’hui remis en question par de nouvelles réalités et tendances qui non seulement les affectent directement, mais devraient également attirer notre attention sur un avenir plus sensible à ces questions. Les défis traditionnels que nous avons l’habitude de relever concernent la discrimination des minorités, la persécution religieuse, la violence sous prétexte de religion [etc.]… nous devons poursuivre nos observations sur les lieux et les circonstances dans lesquels ces situations regrettables se produisent et défendre les victimes. Mais, en même temps, nous devons être conscients et réfléchir aux questions soulevées par les nouveaux thèmes de notre société. Par exemple : Les nouveaux défis mondiaux sont-ils abordés selon un agenda qui place la dignité humaine et les droits fondamentaux au centre de ses préoccupations ? Comment l’équilibre entre la liberté d’expression et le contrôle des discours haineux est-il suivi et poursuivi ? La numérisation croissante a-t-elle un impact sur la possibilité de balayer ou de restreindre les libertés élémentaires de religion, notamment dans l’expression de la croyance ? La religion est-elle en train de se voir attribuer une simple place privée dans la société et les droits de vivre et de partager la religion sont-ils affectés par une tendance aux restrictions séculaires ? Ces questions soulevées n’ont pas pour but de chevaucher ou de surmonter les questions traditionnelles — elles peuvent être des déclencheurs supplémentaires pour les questions traditionnelles, que nous devrions étudier, discuter et aborder, ouvertement et avec confiance. En fait, dans certains cas, nos sociétés européennes sont plus proches d’elles que des sociétés traditionnelles.

Et comment le secrétaire général d’AIDLR propose-t-il d’aborder ces questions ?

L’AIDLR a une tradition très stable et efficace de travailler à travers cinq piliers stratégiques principaux. Le premier pilier consiste à défendre les principes de la liberté religieuse, en général, et à donner une voix aux personnes et aux groupes lorsque nous réalisons que notre action est nécessaire et utile. Le deuxième pilier consiste à représenter nos principes par notre présence dans les organisations internationales liées aux droits de l’homme et à essayer de nous faire entendre dans la production de documents et l’élaboration de politiques dans notre domaine. Le troisième pilier repose sur les efforts de mise en réseau que nous souhaitons développer encore davantage, tant au niveau externe, avec nos ONG partenaires clés, qu’au niveau interne, en soutenant nos sections nationales et locales. Le quatrième pilier fait référence à la publication de notre magazine officiel, Conscience et Liberté, et à son édition dans toutes ses différentes langues, que nous considérons comme un atout essentiel dans notre travail, pour la qualité et l’actualité de son sujet. Enfin, le dernier pilier est constitué par les événements, tant nationaux qu’internationaux, que l’AIDLR promeut et qui se veulent des points de rencontre pour tisser des liens et faciliter les discussions entre les leaders académiques, religieux, politiques et de la société civile dans le but de défendre et de promouvoir la liberté religieuse.

En une phrase, comment décrivez-vous la liberté religieuse ?

La liberté religieuse est une perle précieuse de la dignité humaine, produite et maintenue avec soin et sacrifice, à laquelle chacun a droit, mais que beaucoup ne possèdent pas, et que nous avons tous le devoir de valoriser et de préserver.