13 mai 2022 | Anugrah Kumar | The Christian Post
Une fédération de groupes chrétiens indiens d’Amérique dit avoir recensé au moins 761 incidents de violence à l’encontre des chrétiens, notamment des lynchages et des agressions armées, l’année dernière. Il est recommandé aux gouvernements américain et européen d’imposer des sanctions aux responsables qui encouragent la violence et l’exclusion des minorités religieuses.
« L’année 2021 s’est avérée être l’année la plus violente pour les chrétiens en Inde », a déclaré John Prabhudoss, le président de la Fédération des organisations chrétiennes indiennes américaines d’Amérique du Nord, lors d’une conférence de presse à Washington, cette semaine.
Prabhudoss a déclaré que la FIACONA a documenté et analysé les 761 incidents, ajoutant que le nombre d’attaques anti-chrétiennes est probablement beaucoup plus élevé car la plupart des incidents ne sont pas signalés.
Les chrétiens et les autres minorités, a-t-il expliqué, ne font pas confiance à la police, en particulier dans les zones rurales. « L’environnement hostile actuel en Inde amplifie cette méfiance ».
Prabhudoss a ajouté qu’une enquête menée par la FIACONA dans les États où le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party est au pouvoir a montré que 72 % des chrétiens pensent que la police ne protégera pas leur vie, leur liberté, leurs biens ou leur mode de vie.
Selon le rapport de la FIACONA, le système judiciaire indien n’est pas non plus considéré comme indépendant et impartial.
« Les tribunaux supérieurs de l’Inde ont rendu des jugements qui favorisent les points de vue des institutions politiques plutôt que de se baser sur les mérites juridiques des affaires », indique le rapport. « De nombreux jugements récents ont amené certains à se demander si l’intégrité des hautes cours n’était pas compromise. »
Elle ajoute : « Les citoyens indiens ordinaires, en particulier les minorités religieuses, observent et ressentent que les gouvernements dirigés par le BJP mettent en œuvre l’idéologie majoritaire, à savoir l’Hindutva. »
Le gouvernement, poursuit-elle, « est inféodé » au Rashtriya Swayamsevak Sangh, un groupe nationaliste hindou, et à ses « multiples associés spécialisés dans les moyens radicaux et violents d’exclure et de rabaisser les chrétiens. »
La FIACONA a également accusé certains médias et géants des médias sociaux d’être alignés sur les nationalistes hindous qui incitent aux attaques contre les minorités religieuses et appellent au génocide.
« La plupart des grandes maisons de médias, tant dans la presse écrite que dans la télévision, sont soit contrôlées, soit détenues par des magnats qui sont de mèche avec l’écosystème nationaliste hindou », a-t-elle déclaré. « Et c’est plus visible en hindi et dans certains autres médias vernaculaires. Il a été confirmé que même les plateformes de médias sociaux comme Facebook et Twitter en Inde sont manipulées par les sympathisants radicaux hindous. »
Un conclave religieux à tendance nationaliste hindoue, appelé Dharma Sansad, qui s’est tenu dans la ville de Haridwar, dans l’État septentrional d’Uttarakhand, du 17 au 19 décembre 2021, a appelé au génocide des minorités religieuses, note le rapport, ajoutant qu’un autre appel au génocide a été lancé par un autre groupe nationaliste hindou dans l’État méridional de Karnataka, le 25 février.
Le rapport de la FIACONA note également que les lois indiennes « anti-conversion » sont utilisées comme un outil pour arrêter les minorités religieuses, y compris les chrétiens, sur de fausses accusations de conversions forcées.
Les lois anti-conversion présument que les chrétiens font pression sur les hindous pour qu’ils se convertissent au christianisme. Certaines de ces lois sont en vigueur depuis des décennies dans certains États. Les groupes nationalistes hindous radicaux utilisent fréquemment ces lois pour porter de fausses accusations contre les chrétiens et lancer des attaques contre eux sous prétexte qu’ils incitent les gens à se convertir en leur promettant des cadeaux alimentaires.
En vertu de ces lois, il est également interdit aux chrétiens de parler de la vie après la mort.
Le rapport note également que Overseas Friends of BJP USA, qui est un organisme enregistré aux États-Unis en tant qu’agent étranger en vertu de la réglementation FARA, est également une ramification du RSS « pour fournir un mécanisme de soutien indispensable à leurs activités en Inde. »
« Nous recommandons que les acteurs non étatiques et les principaux responsables basés en Inde qui encouragent la violence et l’exclusion des minorités religieuses de la société soient identifiés et sanctionnés par les gouvernements américain et européen », indique le rapport.
Un autre rapport publié par le Forum chrétien uni en Inde plus tôt cette année a enregistré au moins 486 incidents violents de persécution chrétienne en 2021.
L’UCF a également attribué l’incidence élevée de la persécution chrétienne à « l’impunité », en raison de laquelle « ces foules menacent criminellement, agressent physiquement les personnes en prière, avant de les remettre à la police sur des allégations de conversions forcées. »
La police a enregistré des plaintes officielles dans seulement 34 des 486 cas, selon l’UCF. « On assiste souvent à des slogans communautaires à l’extérieur des postes de police, où les policiers restent des spectateurs muets », indique le rapport de l’UCF.
« Les extrémistes hindous pensent que tous les Indiens doivent être hindous et que le pays doit être débarrassé du christianisme et de l’islam », explique une fiche d’information de Portes Ouvertes. « Ils ont recours à une violence considérable pour atteindre cet objectif, en ciblant particulièrement les chrétiens d’origine hindoue. Les chrétiens sont accusés de suivre une “foi étrangère” et rendus responsables de la malchance dans leurs communautés. »
L’organisme américain de surveillance de la persécution, International Christian Concern, avait déjà prévenu que « le rythme de la persécution des chrétiens ne semble s’accélérer qu’avec l’arrivée de 2022 » et « il reste à voir si 2022 sera une année aussi violente que 2021. »
Les chrétiens ne représentent que 2,3 % de la population indienne et les hindous environ 80 %.
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