21 décembre 2022 | Créteil, France | Pedro Torres | AIDLR France
Le samedi 17 décembre a eu lieu une journée de la liberté religieuse, organisée par le département de la liberté religieuse de la Fédération adventiste du Nord de la France en collaboration avec AIDLR France, l’Union des fédérations adventistes de France, de Belgique et du Luxembourg, ainsi que S.O.S. chrétiens d’Orient.
La journée s’est déroulée à l’Église adventiste du septième jour de Créteil, dans la banlieue de Paris. La journée a démarré par une réflexion spirituelle sur la liberté religieuse dans la vie quotidienne des croyants, guidée par Pedro Torres, secrétaire général de l’Association internationale pour la défense de la liberté religieuse en France (AIDLR France). L’orateur a amené le public à réfléchir sur différents textes juridiques, notamment l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ainsi que l’article 19 sur la liberté d’expression.
La sensibilisation à la défense de la liberté religieuse fait partie des activités de l’AIDLR France, mais pas seulement au niveau institutionnel et du lobbying, mais aussi au niveau des simples citoyens. M. Torres a fait réfléchir les personnes présentes sur la nécessité de comprendre les principes de base de la liberté religieuse, en faisant remarquer que si l’on n’est pas capable de les appliquer dans la vie quotidienne avec l’environnement immédiat, il sera difficile de parvenir à un plaidoyer plus large à d’autres niveaux institutionnels.
Félicitant l’auditoire pour son engagement dans la défense des droits de l’homme, y compris le principe de la liberté religieuse, il a réfléchi au traitement des individus proches, coreligionnaires ou voisins, et à la tolérance au niveau le plus intime de la liberté de pensée, d’opinion et de conviction des autres paroissiens, même au sein de la même confession.
« Lorsque nous faisons preuve d’intolérance à l’égard de ceux qui nous entourent dans notre cercle le plus proche, que ce soit à cause de leur façon de s’habiller ou parce qu’ils n’ont pas les mêmes idées théologiques que nous, nous montrons que nous n’avons pas compris les fondements de la liberté de religion, et cela constitue un obstacle à la défense et au plaidoyer de ce principe à des niveaux supérieurs, sociaux, institutionnels et même politiques », a déclaré M. Torres lors de son intervention.
« Le jour où les congrégations seront aussi accueillantes envers leurs propres paroissiens qu’envers les personnes d’autres religions lorsqu’elles interviennent pour défendre les droits des autrui, alors nous aurons compris le véritable principe de la liberté religieuse et de la liberté de conscience, et nous serons en mesure de le défendre plus efficacement », a conclu le secrétaire général de l’AIDLR France.
Dans l’après-midi, une table ronde avec différents experts a été présentée pour répondre au titre général de la journée : « La liberté religieuse en temps de crise ».
Le panel était animé par Mme Dinah Reschid, responsable de la liberté religieuse pour la Fédération adventiste du Nord de la France (FFN). La première intervention était celle de M. François-Xavier Giquel, représentant le S.O.S. chrétiens d’Orient, chef de mission en Irak et Moyen-Orient. M. Giquel a partagé ses expériences dans des pays aussi divers que le Pakistan, l’Irak, l’Éthiopie et l’Érythrée, entre autres. Il a souligné le fait que les chrétiens ne sont pas les seuls à être persécutés dans ces pays lointains. De nombreux musulmans sont également persécutés par d’autres factions de l’islam. Il a insisté sur l’arrêt de la mise en cause systématique des autorités dans la plupart des pays où le christianisme n’est pas une religion majoritaire, en montrant que c’est la police ou l’armée locale elle-même qui défend les droits et protège les chrétiens en cas de persécution.
Une autre idée clé qui a fait réfléchir le public est le besoin de dialogue, d’échange d’idées et de collaboration entre les différents corps et organisations religieux. Ce type de relation permet de mieux se connaître et de construire des projets et des activités plus souples, plus adaptables et plus réactifs aux particularités de chaque personne ayant besoin d’aide, respectant ainsi les sensibilités et les besoins particuliers de la religion de chacun en cas de crise.
L’intervenant suivant était M. Philippe Aurouze, président de l’Agence de Développement et de Secours Adventiste en France (ADRA France). M. Aurouze a expliqué que par principe, ADRA France ne fait aucune discrimination, que ce soit au niveau du sexe, de l’âge, de l’ethnie ou de la religion. Tous les projets qu’ADRA gère à l’étranger sont conçus pour aider la personne en tant qu’individu, sans tenir compte de toute autre condition, en recherchant la plus grande neutralité possible.
« Le fait qu’ADRA soit une agence adventiste du septième jour signifie que le mode de vie adventiste et son régime alimentaire, très proche du casher et du halal, permet de servir encore plus facilement toutes les personnes sans avoir à faire de grands efforts, car ces particularités sont déjà prises en compte à la base », a déclaré M. Aurouze.
M. Pedro Torres (AIDLR France) a poursuivi la session avec une intervention tentant d’explorer les limites légales d’un gouvernement ou d’un état à restreindre temporairement la liberté religieuse en cas de crise, en prenant comme exemple le cas récent de la pandémie de Covid 19.
« Les droits et la liberté religieuse ne sont pas toujours absolus à 100 % », a déclaré M. Torres. Selon le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) c’est l’État qui doit garantir les libertés du citoyen, dont, la liberté religieuse. Mais, « un intérêt public impérieux peut donner à l’État le pouvoir d’imposer des limites aux droits civils, y compris le droit d’exercer sa liberté de religion », continuait M. Torres.
L’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques implique que la liberté d’agir selon ses convictions ne peut être « soumise qu’aux seules restrictions prévues par la loi [de l’État local] et qui sont nécessaires à la protection de la sécurité, de l’ordre et de la santé publique, ou de la morale ou des libertés et droits fondamentaux d’autrui », expliquait M. Torres.
Les restrictions aux droits civils seront, en général, légitimes si elles sont nécessaires pour répondre à un intérêt public impérieux, si elles sont proportionnées au besoin et constituent le moyen le moins intrusif de répondre à ce besoin, et si elles sont non discriminatoires dans leur intention et leur application.
En répondant des questions, il expliquait aussi que « les tribunaux de la plupart des pays appliquent des tests spécifiques pour s’assurer que les restrictions aux droits civils protégés par la Constitution sont légales ».
Vous pouvez visualiser les vidéos des interventions ici :
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