9 mars 2022 | France 24
Un jour après que la police ait interdit une manifestation des « Hijabeuses », des footballeuses luttant pour le droit de porter un foulard religieux en compétition, l’interdiction a été annulée par un tribunal. Les victoires commencent à s’accumuler pour le groupe d’activistes : la ministre française de l’Égalité des chances leur a également exprimé son soutien. L’affaire devient un sujet brûlant dans la politique française, à deux mois des élections présidentielles.
Un groupe de jeunes femmes, dont certaines portaient un hijab, s’est rassemblé sur l’Esplanade des Invalides à Paris, armé de pancartes portant des slogans tels que « Le football pour tous » et « Laissez-nous jouer ».
Ces femmes font partie du groupe militant « Les Hijabeuses », un collectif de joueuses de football luttant pour le droit de porter un hijab lors des matchs officiels, ce qui est interdit en France. Le règlement de la Fédération française de football interdit actuellement aux joueuses participant à des matchs de compétition de porter des symboles religieux « ostentatoires » tels que le foulard musulman ou la kippa juive.
Les jeunes footballeurs ont commencé à faire tourner un ballon dans le noir, devant l’imposant dôme illuminé des Invalides, leur jeu éclairé par des écrans de smartphones et des lanternes. Une heure plus tôt, ils avaient été informés qu’un tribunal administratif de Paris avait annulé l’interdiction d’une manifestation qu’ils avaient prévue le même après-midi à 16 h 30. Ils ont décidé de se rendre à l’endroit où ils avaient initialement prévu de manifester. L’endroit était significatif : ce tronçon de pelouse se trouve à quelques mètres seulement de l’Assemblée nationale française, où, le matin même, les législateurs ont débattu avec acharnement, pendant six heures, d’un amendement visant à interdire les vêtements ou symboles religieux dans les manifestations sportives.
C’est un sujet qui a suscité un vif débat dans les deux chambres du Parlement français. Introduit à l’origine par le parti de droite Les Républicains, l’amendement a été adopté le 19 janvier par la chambre haute du Sénat par 160 voix contre 143.
Lors du débat de mercredi à l’Assemblée nationale, le député Les Républicains Éric Ciotti, conseiller de la candidate du parti à l’élection présidentielle Valérie Pécresse, a fustigé le gouvernement pour ce qu’il considère comme sa mollesse face à l’islamisme rampant dans la société française. « L’islamisme se répand dans les salles de prière, les mosquées, les foyers et maintenant dans les clubs de sport ! » a-t-il déclaré.
Régis Juanico, député du Parti socialiste de centre-gauche, a répondu que le sport est « un vecteur d’intégration, de fraternité républicaine, et non de haine ou de division ». La députée du Parti communiste Marie-George Buffet a rappelé que « la laïcité et la neutralité sont au cœur de notre culture sportive ».
S’exprimant sur la station de radio LCI jeudi, la ministre française de l’égalité des sexes Élisabeth Moreno a déclaré : « La loi dit que ces jeunes femmes peuvent porter un foulard et jouer au football. Aujourd’hui, sur les terrains de football, le foulard n’est pas interdit. Je veux que la loi soit respectée ». Elle a ensuite ajouté, dans des commentaires à l’agence de presse AFP, que « les femmes devraient être autorisées à s’habiller comme elles le souhaitent ».
Ses commentaires font suite à la décision du tribunal d’annuler l’interdiction de la manifestation des Hijabeuses. Le tribunal a déclaré que l’interdiction « constituait une infraction grave et clairement illégale à la liberté fondamentale du droit de manifester » et a ordonné au commissaire de police de payer une amende de 1 000 euros, qui sera versée au collectif d’activistes et à la Ligue des droits de l’homme.
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