25 juillet 2022 | Massimo Introvigne | Bitter Winter
Les Français ont une délicieuse expression, « franco-française », pour désigner les questions dont ils débattent entre eux et que les étrangers ont du mal à comprendre. C’est dans cette catégorie que l’on peut placer une décision bizarre du Conseil d’État français du 21 juillet. Plus bizarre encore, la réaction triomphante du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dans un tweet célébrant « une victoire de la loi sur le “séparatisme”, de la laïcité et, au-delà, de la République tout entière ».
Après de nombreuses critiques, le nom de la loi a été modifié pour défendre « les principes de la République », et le président Macron a suggéré de ne pas utiliser le mot « séparatisme », ce qu’il devrait peut-être maintenant expliquer à son ministre de l’Intérieur.
Il existe une vieille controverse en France sur les femmes musulmanes portant un maillot de bain de la tête aux chevilles (surnommé burkini) sur les plages et dans les piscines publiques. En fait, couvrir l’ensemble du corps lors de la baignade est également pratiqué par certaines femmes orthodoxes juives et chrétiennes conservatrices, mais pour une raison quelconque, si les femmes musulmanes le font, cela est considéré en France comme un signe de « séparatisme ».
Le maire de Grenoble a décidé d’accommoder les musulmanes et les autres femmes conservatrices en autorisant le port du maillot de bain de la tête aux chevilles dans les piscines de la ville. De peur que quelqu’un ne l’accuse d’être conservateur, le bon maire a également autorisé les femmes à se baigner seins nus à Grenoble.
Cela n’a pas marché. Le Conseil d’État n’a pas touché au règlement sur les seins nus, mais a annulé celui sur les maillots de bain de la tête aux chevilles, au motif qu’il était contraire aux valeurs suprêmes de la laïcité et aux « principes de la République ». Les femmes qui portent le « burkini » affirment leur religion et leur « séparatisme » en public, selon la décision.
Reste à savoir si les femmes chrétiennes fondamentalistes et juives orthodoxes se verront également interdire de se couvrir le corps dans les piscines françaises. Pour l’instant, on leur dit qu’elles ne peuvent être sûres que d’une seule chose, que le fait de découvrir leurs seins est en harmonie avec les « principes de la République. »
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