19 avril 2023 | Bitter Winter

Lors des manifestations contre la réforme des retraites, des manifestants radicaux à Rennes ont tenté d’incendier le couvent des Jacobins ainsi qu’un poste de police.

Le 14 avril, dans la ville de Rennes, des manifestants radicaux anti-Macron d’extrême gauche, qui s’opposent à la nouvelle loi fixant l’âge de la retraite à 64 ans, ont mis le feu au couvent historique des Jacobins, transformé en salle de congrès, et ont fait de même dans un commissariat de police qui était vide à ce moment-là. Les médias français n’ont consacré que quelques lignes à cet acte de violence visant un édifice catholique du XIVe siècle.

Des dégâts considérables ont également été causés aux magasins du centre de la ville.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a fermement condamné ces débordements sur Twitter. “Les dégradations et agressions commises cette nuit à Rennes, contre un commissariat et le Couvent des Jacobins, par des voyous déterminés à en découdre sont inacceptables.” Il a promis “un soutien total aux policiers et gendarmes mobilisés”, ajoutant que “les auteurs seront poursuivis.”

Le syndicat des officiers et commissaires de police a également réagi aux dégâts du commissariat jugés “lamentables”. “Voilà un bureau de police à Rennes destiné à accueillir nos concitoyens qui part en fumée. Pourquoi ? Cette action de militants discrédite la lutte contre la réforme des retraites”, ont déclaré les syndicalistes.

Suite à ces incendies, une enquête a été ouverte pour “dégradations par moyens dangereux et association de malfaiteurs”. Trois personnes ont été placées en garde à vue. Nous verrons quelle sera l’issue finale des poursuites, s’il y en a.

Le couvent est une fondation de l’Ordre des Prêcheurs, plus connu sous le nom de Dominicains ou (en France) de Jacobins. L’originalité de ce nouvel ordre, créé en 1215, réside dans sa localisation au cœur des villes.

La première pierre du couvent est posée le 2 février 1369, en présence du duc de Bretagne, et construite sur les terres de deux généreux donateurs, Pierre Rouxel et son épouse. Sa construction marque le début d’un important renouveau spirituel, intellectuel et politique dans l’histoire de la ville et de la Bretagne. Les travaux sont assez lents car ils ne reposent que sur les dons des fidèles. Pour accélérer l’entreprise, le duc Jean IV de Bretagne apporte son soutien financier et devient le fondateur officiel.

Le couvent des Jacobins est rapidement devenu le lieu d’un important pèlerinage, grâce à la dévotion accordée à l’image de la Vierge de la Bonne Nouvelle.

Aux XVIe et XVIIe siècles, l’importance du couvent des Jacobins n’est pas seulement liée au culte de Notre-Dame de Bonne Nouvelle, mais aussi à son rayonnement intellectuel, qui suscite un nombre croissant de vocations religieuses. La théologie était la première matière enseignée, à laquelle pouvaient s’ajouter la philosophie, le droit canonique et l’Écriture Sainte.

L’enseignement s’appuyait sur l’importante bibliothèque du couvent : elle comptait plus de 5 000 ouvrages imprimés (dont une partie est aujourd’hui conservée par la bibliothèque de Rennes Métropole). Juste avant la Révolution, certains frères adhèrent aux nouvelles idées de la franc-maçonnerie. Sur la vingtaine de dominicains restés au couvent dans les années 1770, au moins cinq étaient actifs dans la loge maçonnique “Parfaite Union”.

À la Révolution, tous les biens religieux ont été saisis et sont devenus propriété de l’État. Nombre d’entre eux ont été démantelés et vendus comme biens nationaux. Cependant, les bâtiments du couvent n’ont pas trouvé d’acquéreur. En 1793, le couvent est affecté à l’armée et aménagé pour servir de magasins militaires. Jusque dans les années 1980, le couvent est le siège des associations sportives de l’armée ; il abrite également du matériel et certaines archives du ministère de la Défense. Le couvent a été inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en septembre 1986. Il a été classé monument historique en mai 1991. En 2002, il est devenu la propriété de Rennes Métropole qui l’a transformé en Palais des Congrès en 2018.