19 juin 2021 | Libertadreligiosa.es
Pour les juifs d’Europe, l’antisémitisme est encore très présent dans la vie quotidienne, sapant leur sécurité et leur sentiment d’appartenance à l’Union européenne. Selon des enquêtes récentes, 85 % des Juifs d’Europe considèrent que l’antisémitisme reste un problème grave. L’année dernière en particulier, on a constaté une augmentation des attaques verbales et physiques, des menaces, du harcèlement, des dommages matériels et des discours de haine en ligne et hors ligne. L’antisémitisme est omniprésent dans la société et se manifeste sous les formes les plus pernicieuses à l’extrême droite, à l’extrême gauche et chez les extrémistes islamiques. Les anciennes caractérisations antisémites, les idéologies conspirationnistes, les symboles nazis et l’antisémitisme moderne lié à Israël se croisent souvent, formant de nouvelles et viles représentations de la population juive qui conduisent à des discours de haine.
L’augmentation significative des attaques antisémites à travers l’Europe au cours de la période récente, ainsi que les mauvais résultats de l’Eurobaromètre 2019 sur les perceptions de l’antisémitisme (l’Espagne recueille l’un des plus mauvais résultats de l’étude), ont amené les organisations juives européennes à unir leurs forces pour offrir une série de recommandations à la Commission européenne, dans son développement du premier plan d’action de l’UE pour combattre l’antisémitisme. Dans ce cadre, la 5e réunion du groupe de travail sur la lutte contre l’antisémitisme, organisée par la Commission, s’est tenue virtuellement les 3 et 4 juin. Cette réunion a été présentée comme un moment clé pour consulter les États membres et les organisations juives sur leurs idées pour l’élaboration du plan d’action de l’UE, qui devrait être adopté par la Commission européenne d’ici la fin 2021.
Cette réunion a servi de forum de réflexion et a permis de recueillir les avis des autorités nationales et des parties prenantes sur les questions les plus importantes que la stratégie devrait aborder et sur les mesures concrètes à prendre pour les résoudre. Le 2 décembre 2020, le Conseil a adopté une déclaration sur l’intégration de la lutte contre l’antisémitisme dans tous les domaines politiques, dans laquelle il invite explicitement la Commission à “faire avancer la lutte contre l’antisémitisme (…) en rassemblant les mesures de soutien dans une stratégie européenne globale de lutte contre l’antisémitisme”.
En ce sens, l’objectif de la stratégie est triple : I) prévenir et combattre toutes les formes d’antisémitisme (y compris l’antisémitisme en ligne), II) promouvoir la vie juive et sauvegarder le patrimoine juif et III) assurer et renforcer la mémoire, l’enseignement et la recherche sur l’Holocauste. Ces objectifs constituent les piliers qui guideront le développement de la stratégie à l’intérieur et à l’extérieur de l’UE. Au cours de la réunion, chaque session a porté sur l’un de ces piliers.
La première session, intitulée “Prévenir et combattre toutes les formes d’antisémitisme”, a consisté en deux tables rondes qui se sont penchées sur la lutte contre l’antisémitisme en ligne et hors ligne. Les panélistes et les participants ont discuté des nouveaux défis posés par la propagation de la haine en ligne, des conséquences réelles et des liens avec le monde physique, ainsi que de la meilleure façon d’aborder et de traiter toutes les formes d’antisémitisme afin de garantir une Europe sûre pour tous les citoyens, dans tous les domaines de la vie. Avec en toile de fond l’étude récemment publiée sur “La montée de l’antisémitisme en ligne pendant la pandémie – Une étude en France et en Allemagne”, les participants ont convenu qu’une action urgente est nécessaire pour lutter contre l’antisémitisme en ligne et qu’une plus grande coopération avec les plateformes Internet est requise pour arrêter la prolifération de la désinformation et des théories du complot qui mettent en danger la vie des Juifs en Europe.
En outre, les participants ont jugé très importante la nécessité de sensibiliser à la vie et à la culture juives, ainsi qu’à l’histoire, aux coutumes et aux pratiques juives, dans le cadre des efforts visant à promouvoir la vie juive et à sauvegarder le patrimoine juif. La deuxième session a donc exploré comment l’UE pourrait soutenir et promouvoir une vie juive dynamique dans toute sa diversité en Europe. Assurer la sécurité à tous les niveaux et renforcer la législation sont deux autres mesures que les participants ont évoquées comme étant les principales actions à inclure dans la nouvelle stratégie.
La troisième session sur “la mémoire, l’éducation et la recherche sur l’Holocauste” a abordé la nécessité de préserver la mémoire historique et d’encourager la recherche, ainsi que d’explorer de nouvelles façons de faire progresser l’éducation sur l’Holocauste à une époque où les derniers survivants décèdent et où leurs histoires doivent être protégées et partagées avec la prochaine génération à l’ère du numérique. À cette fin, les participants ont fortement indiqué la nécessité de renforcer l’application de la législation sur le déni, la déformation et la banalisation de l’Holocauste, ainsi que le soutien à l’éducation et à la mémoire de l’Holocauste.
Bien qu’il soit trop tôt pour évaluer les résultats de la réunion, l’élaboration de ce plan d’action offre une perspective renouvelée, grâce à une approche plus holistique, dans la lutte contre l’antisémitisme européen.
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