2 avril 2022 | PierLuigi Zoccatelli | Bitter Winter
Une Vierge Marie à La Flotte-en-Ré, une statue de Saint-Michel aux Sables-d’Olonne. « Annuler la culture » ou campagne pour les élections présidentielles ?
La France fait partie des pays qui conservent des associations anticléricales à l’ancienne, qui entretiennent la flamme de conflits que beaucoup considèrent comme typiques du XIXe siècle. L’une d’entre elles est la Fédération nationale de la libre pensée, dont le site Web proclame : « Ni Dieu ni maître ! À bas le clergé et vive le social (isme) ».
Périodiquement, la Fédération entame des actions en justice, demandant que les statues religieuses érigées dans des lieux publics soient retirées en vertu du principe de séparation de l’Église et de l’État. En effet, la loi française de séparation de 1905 a bien interdit d’installer des symboles religieux sur les espaces publics à partir du 1er janvier 1906, mais la notion de « symbole religieux » n’est pas évidente. Ceux qui veulent conserver les statues rétorquent souvent qu’elles ont une signification culturelle ou historique plutôt que religieuse. De plus, la Fédération agit maintenant contre des statues qui ont été érigées il y a plusieurs décennies.
À La Flotte-en-Ré, sur l’île de Ré, une statue de la Vierge Marie a été érigée en 1945 afin de remercier la Vierge pour le retour sain et sauf des soldats locaux. La statue a été renversée par une voiture et détruite en 2020. Une reproduction identique a été réinstallée par la ville à l’endroit où elle se trouvait auparavant, ce qui a provoqué l’action en justice de la Fédération anticléricale.
Aux Sables-d’Olonne, dans le département de la Vendée, une statue de Saint-Michel marque depuis plus de 80 ans le quartier de la ville appelé Quartier Saint-Michel. Là encore, la Fédération a demandé à un tribunal local de la faire enlever et a obtenu gain de cause en décembre 2021, mais la ville a fait appel et a publié un communiqué de presse critiquant la « culture du cachet » qui arrive en France.
Les actions de la Fédération sont généralement impopulaires. Les statues sont là depuis des décennies, la plupart des citoyens les apprécient et les conseils municipaux affirment qu’elles ne font pas la promotion d’une religion, mais font partie du paysage et de l’histoire locale. Une solution possible qu’ils envisagent est de transférer les parcelles où elles se trouvent à des particuliers.
Les actions de la Fédération peuvent être considérées comme un folklore anticlérical démodé, mais les élections présidentielles en France sont prévues en avril prochain. La Fédération de la Libre Pensée, outre son approche générale d’une « culture de l’annulation » à la française, peut souhaiter que les partis politiques prennent position. Certains le font, sans nécessairement soutenir la Fédération. Par exemple, le député européen François-Xavier Bellamy, du parti Les Républicains (qui fait partie du Parti populaire européen de centre-droit) s’est rendu à La Flotte-en-Ré pour soutenir la statue. Tout comme le flamboyant et controversé candidat de droite Eric Zemmour, qui s’est rendu en janvier aux Sables-d’Olonne et a visité l’endroit où, en attendant l’appel, la statue de Saint-Michel se dresse toujours.
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