16 décembre 2020 InfoChretienne
Nous savons depuis longtemps qu’il est extrêmement facile de provoquer des conflits entre les groupes sociaux. Une seule déclaration injuste ou mal interprétée peut mettre le feu aux poudres
Sans prendre en compte de tels processus, la logique sécuritaire de la politique gouvernementale risque d’être contre-productive.
Considérons d’abord la forme. Après sa nomination comme ministre de l’Intérieur le 6 juillet dernier, Gérald Darmanin, ancien porte-parole de Nicolas Sarkozy, ainsi que Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l’intérieur, chargée de la citoyenneté, multiplient les déclarations à propos de « l’ensauvagement de la société » et de la nécessité de lutter « contre le séparatisme ». Mais s’agit-il de s’attaquer au séparatisme corse ? Interrogée à ce sujet début septembre, Marlène Schiappa, fière de ses origines, répond qu’il n’en est pas question.
On ne sait pas exactement au départ qui est visé, mais on se rend compte petit à petit que l’islam politique et les musulmans sont en première ligne, notamment avec ce tweet de Gérald Darmanin le 2 décembre :
Conformément à mes instructions, les services de l’Etat vont lancer une action massive et inédite contre le séparatisme.
👉 76 mosquées soupçonnées de séparatisme vont être contrôlées dans les prochains jours et celles qui devront être fermées le seront.https://t.co/0R3RQ2zFoi— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) December 2, 2020
Quel impact cette annonce peut-elle avoir ? Le ministre mentionne qu’il y a des soupçons de « séparatisme » à l’endroit d’un grand nombre de « mosquées » et que des « lieux de culte » seront contrôlés, de sorte que tous les musulmans de France peuvent se sentir directement concernés.
Or, lorsqu’une population est attaquée, on constate que les membres de cette population vont se serrer les coudes pour affronter la menace. La cohésion du groupe augmente dans de telles circonstances. Si l’objectif est de diminuer le communautarisme, il faut au contraire des actions qui vont diminuer la tendance des individus à chercher refuge dans le groupe.
C’est pourquoi il est extrêmement important de préciser comme le ministre l’a fait par la suite, que l’immense majorité des musulmans de France respectent les principes de la République et ne sont pas visés par ces actions répressives.
Une analyse approximative des enjeux
Sur le fond, la situation est également problématique car cette politique repose sur une analyse approximative d’une réalité complexe. Quels sont les éléments qui, selon les connaissances actuelles, semblent être des causes du « séparatisme » ? Les recherches scientifiques ont montré que l’un des principaux facteurs incitant les individus à se regrouper avec d’autres membres de leur communauté pour s’engager dans des actions plus ou moins radicales, ce n’est pas le fait d’être corse, basque ou musulman, ou d’être une personne très religieuse, c’est la perception de discrimination et d’injustice.
Une enquête menée auprès de jeunes d’origine immigrée au sein de 13 pays, dont la France, a observé les modes d’acculturation de ces jeunes. Cette étude scrute la tendance des uns et des autres à s’identifier à leur pays d’accueil, ou au contraire à se réfugier au sein de leur groupe d’origine sans vraiment chercher les contacts avec la population générale, ce qui correspond à une stratégie de séparation… (Lire l’article dans son intégralité).
Commentaires récents