Dans un panorama social sécularisé et dans un cadre juridique et institutionnel marqué par le crépuscule du confessionnalisme et par l’emphase sur la laïcité comme principe suprême, pourquoi nommer ou invoquer Dieu dans les Chartes constitutionnelles ?
Le « Dieu des préambules » coïncide-t-il avec la divinité de la tradition judéo-chrétienne ? En outre, peut-on penser que le rappel à la divinité, proposé par les Constitutions en vigueur, ait une valeur juridique ? Et qu’est-ce que cela peut comporter dans l’organisation d’un État démocratique et pluraliste comme, par exemple, la Confédération helvétique ?
À ces questions ont répondu des théologiens, des philosophes et des juristes d’origines culturelles et religieuses différentes, qui ont participé au congrès organisé le 17 février 2012 par les communautés adventistes tessinoises, en collaboration avec la Faculté de théologie de Lugano. Le thème du congrès : « Dieu dans la Constitution ».
Au cours des salutations introductives, le pasteur Gianfranco Rossi, secrétaire général émérite de l’AIDLR (Association internationale pour la défense de la liberté religieuse), a affirmé : « L’État devrait être la maison commune de tous les citoyens. Cela signifie que, dans chaque pays, le pluralisme idéologique devrait être pleinement accepté dans le droit et dans les faits. Les diverses visions du monde – religieuses, areligieuses et athées – devraient avoir le droit d’exister, de s’exprimer et de se mettre en valeur, mais dans le respect réciproque. Aucune d’entre elles ne devrait se servir du pouvoir de l’État pour supprimer les autres ou pour les empêcher de s’exprimer et d’agir librement. »
Le député Carlo Luigi Caimi, vice-président de la Commission spéciale Constitution des droits politiques du Grand Conseil du canton du Tessin, a parlé des raisons qui expliquent l’absence de référence à Dieu dans la Constitution cantonale tessinoise, fille d’une orientation partisane du laïcisme.
Le professeur Sadun Bordoni (Université de Teramo) a repris la leçon du grand philosophe allemand Jurgen Habermas, selon laquelle il faut un double effort convergent, aussi bien du côté laïque que religieux. La pensée laïque doit s’ouvrir au concept religieux et celui-ci doit s’ouvrir au pluralisme.
Le professeur Paolo Becchi (Université de Lucerne) a observé que là où il n’y a pas de référence à Dieu dans la Constitution, mais aussi là où elle s’y trouve, ce qui compte est la traduction en d’autres expressions de contenus qui se réfèrent au divin, parmi lesquels, en premier lieu, l’intangibilité de la dignité humaine, depuis la conception jusqu’à la mort naturelle.
Le théologien et journaliste protestant Paolo Tognina a parlé des objections contre la référence à Dieu dans la Constitution et en même temps de la responsabilité de l’Église dans la sphère publique. Cette responsabilité inclut : désamorcer les conflits, faire cesser la culture des abus de pouvoir réciproques et montrer comment rester ensemble en étant différents.
Enfin, Le professeur Vincenzo Pacillo (Faculté de théologie de Lugano) a souligné la nécessité, dans le pluralisme actuel, d’approfondir les valeurs du pacte fondateur helvétique.
Il faut également mentionner la présence du pasteur David Jennah, président de l’Union suisse, qui a fonctionné comme modérateur au cours de la première session du congrès.
sources : FSRT Giampiero Vassallo /AIDLR/BIA
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